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do you ever feel like we're stars about to collide?

2 participants
Brandon Rose

Brandon Rose


diary :
.  * .  .   °  . ● ° .
° :. ° . ☆   .  . • . ● .° °★

shocked and upset to hear that the world doesn't revolve around me


do you ever feel like we're stars about to collide? Tumblr_p4jas98Aqj1qf67bbo8_400

pseudo : rizwans, elle/she.
fc, credits : aaron — icemacklin (av), genuineviolence + babejolras (gifs).
messages : 170
points : 182
birthday : january 6th, capricorn season (36).
job : star choreographer, dancer — on sick leave.
love life : strongly denying any attraction towards a certain someone.
hobbies : looking beautiful, trying to figure out what to do with his life, iced lattes and being a brat.

travel diary
notebook:

   
--jax&bran.

Bran rata sa pirouette pour la troisième fois. À chaque fois qu’il pensait s’être bien positionné, sa cheville lui échappait et il manquait de tomber sur le tapis de yoga, d’ailleurs acheté à contre-coeur, parce qu’il n’en avait pas trouvé qui correspondait exactement à la teinte du bois de la terrasse. Maintenant qu’il y pensait, c’était forcément la cause de son échec. Ça n’avait rien à voir avec le fait que sa cheville était encore bandée, doctor’s orders, et qu’il n’en avait fait qu’à sa tête.
Take more time, Brandon.
Il avait reçu l’email quelques jours plus tôt. Un email ! Même pas un aller-retour tous frais payés en première classe pour New York. Hell, il aurait même accepté une place en business. Mais non, ces lâches de la direction lui avaient simplement envoyé un email, à lui, Brandon Rose, leur star, leur premier danseur, leur couverture GQ (you’re welcome, fucking losers), un email pour lui dire de prendre plus de temps.
Sven’s taking over your roles for now.
Il rata sa pirouette pour la quatrième fois et ignora la douleur qui lui transperça la cheville, la rage supplantant chaque sensation de son corps à la simple pensée de son rival. Sven. Sven ! Fucking Sven… Bran avait toujours su que ce type tout droit sorti d’un film d’horreur moldave indépendant n’attendait que la première occasion pour lui prendre sa place. Eh bien, parfait ! S’ils voulaient que le nouveau visage du New York City Ballet ressemble à un moineau anémié perché sur un corps ressemblant à celui d’un pélican albinos, grand bien leur fasse. La seule couverture que Sven pouvait espérer serait celle de Chasse&Pêche et Bran prendrait un plaisir féroce à feuilleter les pages consacrées à sa dissection.
Il retourna en boitillant à l’arrière du tapis et saisit sa bouteille d’eau d’un geste rageur. Plus de temps ? Il n’avait pas besoin de plus de temps. Il n’avait pas besoin de se « reposer », de « réfléchir à son avenir » et encore moins « d’arrêter de harceler la direction du NYCB et d’encourager une grève du personnel de réception sous peine de poursuites judiciaires ». Il avait besoin de revenir sur scène. De revenir à lui-même. S’il ne le pouvait pas, alors il n’était… Il n’avait aucun… Bran déglutit et se redressa, les mains sur les hanches, le visage défilant le soleil et l’océan. Il ne pouvait pas ne pas danser. Un point, c’est tout.
Bran reposa sa bouteille d’eau sur la rambarde. Devant lui, la piscine de douze mètres sur six clapotait doucement, le soleil de fin d’après-midi la faisant scintiller. Tout autour, un jardin bien entretenu maintenant une frontière entre la propriété et la nature sauvage qui l’entourait. Tout au bout du jardin, une petite porte de bois blanc permettait d’accéder directement à la plage. Il l’avait franchi d’innombrables fois en revenant de ses escapades avec Skylar et plus souvent en passant par-dessus plutôt qu’en la poussant. Une brise fraîche lui fit réaliser à quel point ses tempes le brûlaient, à quel point son corps était endolori.
Take more time, Brandon.
Il avait déjà pris du temps. L’été prenait peu à peu les couleurs de l’automne, et on lui demandait encore d’attendre. Well, c’était très mal le connaître. Brandon Rose était beaucoup de choses - brillant, sophistiqué, doté d’un incomparable fashion sense - mais patient ne faisait pas partie de son petit dictionnaire personnel.
Un nouveau coup de vent le fit presque vaciller. Ugh, fine ! Il claudiqua (avec grace et élégance) jusqu’à l’intérieur de la maison, tout en se promettant de reprendre dès le lendemain, et fit glisser la porte de la baie vitrée derrière lui, le silence seulement rompu par la berceuse lointaine des vagues et le sifflement étouffé du vent qui se levait. New York et son flot ininterrompu de bruits lui avait fait oublié à quel point Port Haven n’avait rien d’autre à offrir comme ambiance que sa piètre imitation de playlist de méditation Spotify pour aider à s’endormir. Ugh! Mais le monde ne le comprenait-il pas ? Il avait besoin de bruit ! D’animation ! Des cris horrifiés des traders de Wall Street se faisant attaquer par un homme-taupe surgissant de l’obscurité ! Tout lui nuisait et conspirait à lui nuire. Les éléments se liguaient contre lui et pour signifier à l’univers qu’il en avait plus qu’assez, il claqua la porte de sa chambre tel un adolescent boudeur.
À peine eut-il le temps d’enfiler une tenue d’avant-dîner décente total look noir Valentino (il avait bien entendu réfléchi à quelque chose de plus chic pour déguster la pizza qu’ils avaient prévu de commander, comme le voulaient les bonnes manières) qu’on frappa à la porte. Bran leva les yeux au ciel. Typical Skylar. Elle disparaissait pour l’une de ses aventures, oubliait les clés et c’était à lui, l’éclopé, de venir lui ouvrir. Y pensait-elle, mmh ? Non, bien sûr que non. Non, madame était « enceinte jusqu’au coup » et cela lui offrait des passe-droits que Bran trouvait complètement aberrants. Néanmoins, fidèle au poste, il boitilla jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvrit. « C’est pas trop— » bougonna-t-il, à demi tourné vers l’intérieur, avant de revenir vers— Oh my fucking god.
C’était bien un Beauchamp qui se tenait en face de lui, mais pas le bon - enfin, pas celui qu’il s’attendait de voir. Bran écarquilla légèrement les yeux et dut faire appel à tout son équilibre pour ne pas basculer en arrière et se retenir à la porte. Son orgueil en dépendait.
Jax.
Bran oublia l’email, Sven, ses pirouettes avortées. Il avait joué les gamins insupportables toute la journée, mais à cet instant, il lui sembla qu’il était réellement renvoyé à ses dix-huit ans - le coeur battant, les tempes en feu, le maelström contradictoire qui se levait en lui comme un vent furieux. Il constata que le temps avait tout changé sans rien prendre au visage de Jax et cette réalisation tourmenta sa cage thoracique. « Jax. » réussit-il à exhaler. En lui, le prénom résonna comme un écho remontant des profondeurs. Jax, Jax, Jax. Shut up! Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi, tout court ? Lorsque Skylar lui en avait parlé, il avait cru à une blague. Mais il était là, en chair et en os, et n’avait rien perdu de ses angles escarpés ni de ce regard qui avait toujours su dépecer Bran, entrant sous sa peau et dans ses os, le dépouillant de toute sa morgue, ne laissant que la vérité nue et vulnérable, ne permettant que ses aveux. Bran pinça les lèvres et déglutit, soudain amèrement conscient de la surprise qui devait lire sur son visage. Personne ne le prenait au dépourvu. Personne. Sauf Jax Beauchamp.
Il pouvait lui faire face. Tout un océan avait coulé sous les ponts depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ; Jax l'avait probablement oublié, tout comme il avait parfaitement remisé au placard tout ce qui pouvait concerner l'aîné des Beauchamp, right ? Right. Bran se redressa, dardant un regard de glace sur le frère de Skylar (voilà ce qu'il était seulement, le frère de sa meilleure amie, et il composerait avec le reste plus tard). Fake it until you make it. « Je suppose que tu es là pour Skylar. » finit-il par extirper à sa bouche, comme si chaque mot lui écorchait les lèvres, en se raclant la gorge. « Elle ne va pas tarder à rentrer. » Parfait. Neutre, cordial, factuel ; on ne pourrait pas lui reprocher d’avoir été désagréable. Mais parce qu’il ne fallait pas trop lui en demander non plus, il leva les yeux au ciel. « Ta chère soeur a visiblement oublié de mentionner ta... venue. » L'idée qu'elle l'ait fait exprès lui traversa l'esprit et il se promit d'exiger des explications lorsque ses envies d'homicide se seraient calmées. Bran croisa les bras et poussa un profond soupir, qui signalait bien entendu avec magnanimité qu'il acceptait la présence de Beauchamp dans son périmètre vital. « Bon, tu ne vas pas rester planté là. » lâcha-t-il en claudiquant pour reculer et laisser l'autre entrer s'il le désirait, comme si le franchissement de cette frontière ne retournait pas chaque centimètre de son corps, comme si l'idée ne lui donnait pas le vertige.
Jax Beauchamp

Jax Beauchamp


pseudo : Olivia
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birthday : 10.07.1980 (41)
job : working for a moving company
love life : buried in the past (or so he thinks)

   
Jax fixait ses deux chemises depuis un quart d'heure, l'œil perdu dans le vague, l'intérieur de sa joue pincé entre ses dents. Il n'était plus dans la réflexion, à cet instant précis. A vrai dire, il s'était traité d'imbécile quelques minutes plus tôt, lorsqu'il avait réalisé que son manège était ridicule. Qu'importe qu'il choisisse la bleu nuit ou la vert bouteille: l'une comme l'autre (comme tous ses vêtements, en réalité) transpiraient l'ennui, la neutralité, le camouflage. Il n'était déjà pas un as de la mode avant mais ses séjours en prison avaient réduit ses effets personnels au strict nécessaire et les quelques touches de couleurs qui avaient pu être entrevues dans sa garde-robe s'étaient évanouies, remplacées par des tissus aux coupes et teintes classiques. Le choix aurait donc dû être simple: prendre une chemise au hasard, l'enfiler, attraper la bouteille de vin et filer. Skylar n'analyserait pas sa tenue sous toutes les coutures, elle se ficherait pas mal du motif ou de la couleur. Alors qui espérait-il impressionner? Pourquoi se mettait-il martel en tête? Il voulait juste être présentable, montrer à sa sœur qu'il avait un peu de tenue, malgré le temps passé derrière les barreaux.
Un grognement lui échappa et il prit la chemise bleue.
Peu importe ce qu'il portait, il serait toujours Jax Beauchamp. Juste un peu plus vieux, les épaules un peu moins droites (comme pressées par un poids invisible qui n'avait fait que s'alourdir avec le temps), le corps un peu moins souple, la peau un peu plus marquée. La vie ne faisait pas de cadeaux mais elle en faisait encore moins à ceux avec un parcours comme le sien. Quoi qu'il fasse, il serait terne, paraitrait renfermé à côté des personnalités éclatantes de Skylar et son meilleur ami. Il avait été à deux doigts d'annuler, il avait failli envoyer le message pour se désister puis il avait imaginer la mine déconfite de Sky et il avait renoncé à jouer la carte de la lâcheté. Il faudrait bien qu'ils (Sky et lui ou...?) se voient un jour alors ce soir ou un autre soir, à quoi bon repousser l'inévitable? Il s'était résigné à affronter son destin, à ignorer la pointe qui perçait sa carapace, qui élargissait la brèche au fil des heures, alors que le moment fatidique approchait à grands pas.
Sombre idiot, songea-t-il alors qu'il se tenait devant le miroir, se détaillant alors qu'il boutonnait sa chemise, s'aspergeait d'un échantillon de parfum pour hommes qu'une vendeuse avait glissé dans son sac lorsqu'il était acheté un cadeau pour Sky et enfilait une veste qui avait vécu de meilleurs jours mais qui avait au moins le mérite d'être bien ajustée. Il n'aurait pas complètement l'air d'un taulard dont c'était la première sortie. Il donnerait le change, du moins à ses propres yeux, même si c'était parfaitement inutile puisqu'ils ne seraient que trois et que tous connaitraient son parcours chaotique – ce qui ne le rassurait en rien, en vérité.
Après un profond soupir, Jax abdiqua et s'empara de la bouteille de vin qu'il avait achetée plus tôt en ville. Il n'y connaissait rien mais la bouteille avait coûté assez cher à ses yeux pour lui paraitre digne d'être apportée au diner. Et puis le commerçant lui avait assuré qu'il s'agissait d'un excellent cru (mais aurait-il de toute façon dit autre chose si ça n'était pas le cas?) et Jax avait simplement opiné du chef pour marquer sa volonté de suivre son conseil. Il quitta la petite chambre d'hôtel qu'il louait et se dirigea vers la voiture qu'il avait achetée pour une bouchée de pain à sa sortie de prison. Elle ne payait pas de mine mais elle roulait et c'était tout ce que Jax attendait d'elle. Elle démarra du premier coup et il prit la direction de Black Eagle Street, où se trouvait la demeure de Brandon Rose.
Le trajet n'était pas assez long pour que Jax se perde en conjectures diverses mais suffisamment pour lui donner envie de faire demi-tour à chaque intersection. A chaque fois, cependant, l'idée de décevoir sa soeur le retenait, tandis qu'il chassait l'ombre de Bran dans un coin de son esprit. S'il laissait l'image de jeune homme investir ses pensées, il savait qu'il replongerait dans le passé, qu'il revivrait des moments fugaces, oubliés, empoussiérés qui, pour la plupart, n'avaient vécu que dans sa propre tête. Jax secoua la tête, réalisant qu'il venait de se laisser berner, une fois de plus. Chaque fois qu'il croyait enfermer Bran dans une cellule, celui-ci semblait s'en échapper et danser dans les souvenirs. Ridicule, gronda Jax intérieurement. Il n'avait pas revu Bran depuis des années et suivre son ascension dans les journaux et magazines ne le rendait pas moins étranger qu'il ne l'était quand ils étaient adolescents. La différence, c'était qu'il avait vu Bran évoluer, grandir, devenir un homme, il savait à quoi s'attendre, mais que penserait l'énergumène en découvrant le taureau muselé sur le pas de sa porte? Jax émit un son étranglé, entre soupir et ricanement. Qu'est-ce que ça pouvait faire? Bran s'en foutrait. Il avait une vie palpitante, il frôlait les étoiles, qu'en avait-il à faire du rustre de frère de sa meilleure amie? Résolu à noyer tout trouble inopportun, Jax parvint à destination avec une détermination renouvelée (qu'il espérait ne pas être trop fragile) de se planter dans le présent, de sourire à sa soeur, de faire bonne figure le temps d'une soirée, et de retrouver l'obscurité de sa chambre avec la satisfaction d'avoir réussi une épreuve.
S'il survivait à cette soirée, les suivantes seraient plus gérables, non? Piece of cake. What a joke.
Vaincu d'avance, Jax s'extirpa du véhicule, la bouteille à la main, et contempla ce quartier qu'il n'avait effleuré qu'en rêve, la plupart du temps, les Beauchamp étant relégués dans une autre rue de Port Haven. Les seules fois où il était passé, c'était pour venir chercher sa soeur lorsqu'elle était bien décidée à ne plus jamais parler à Brandon Rose de sa vie entière – et un autre soir qu'il préférait remiser dans la catégorie improbabilité qui n'avait été que le fruit de son imagination (surtout pour l'aspect salvateur qui réduisait la douleur cuisante du rejet à une simple piqûre de rappel). En dehors de ces incursions-là, Jax Beauchamp s'était bien gardé de trainer du côté des baraques de riches, préférant les coins isolés, naturels ou non, qui lui permettaient d'échapper à l'ambiance pesante qui régnait chez lui. Ce soir, pourtant, il grimpa les marches jusqu'au porche et sonna pour la première fois de sa vie à la porte des Rose.
L'attente, si elle ne fut pas longue, permit toutefois à la nervosité de refaire surface et de faire trembler la volonté de Jax. Il n'était pas trop tard, il pouvait encore filer, retourner d'où il venait et reporter à une autre fois ce(s) face-à-face. Mais alors qu'il pesait encore le pour et le contre la porte s'ouvrit et le temps se figea.
Tous les portraits d'articles, noir et blanc ou en couleurs, tous les sourires plastifiés qui ne rendaient pas justice à la réalité, ces regards qui ne cernaient que l'impétuosité et ne capturaient jamais l'espièglerie, la douceur dissimulée sous des airs sarcastiques, toutes les teintes et textures dont était fait Brandon Rose, convergèrent pour former un être de chair et d'os. Si l'ainé des Beauchamp échappa à l'hypnose qu'une telle vision aurait pu provoquer, ce fut uniquement parce qu'il comprit que Bran ne s'attendait pas une seule seconde à le trouver sur le pas de sa porte. Manoeuvre de la cadette ou malencontreux oubli? Connaissant la demoiselle, Jax penchait plutôt pour la première option. L'invité parvint à hausser un sourcil faussement interrogatif, qui lui donnerait peut-être l'air désinvolte, mais sous les os, le coeur battait trop vite, le feu se répandait dans chaque interstice, à la simple mention de son prénom par ces lèvres-là.
Mais comme un chat, Bran retomba sur ses pattes et Jax constata que le jeune homme n'avait pas changé: il lui fallait un quart de seconde pour se maitriser et presque faire oublier l'instant fugace où il avait laissé son âme à nu, au point de le faire douter d'avoir vu quoi que ce soit, si ce n'est sans doute la projection de ce qu'il aurait aimé déceler.
Visiblement..., se contenta-t-il de répondre en soulevant légèrement la bouteille de vin qui indiquait que sa venue n'était pas inopinée.
Jax s'apprêtait à proposer d'attendre le retour de Skylar dans sa voiture – puisque sa présence avait l'air de fortement déranger l'occupant des lieux, avait-il été aveugle et idiot à ce point pour refuser de voir l'évidence: il n'inspirait qu'ennui et dédain à la jeune star de la danse —  mais Bran le devança et l'invita (à sa façon, si l'on peut dire) à entrer.
Une nouvelle fois, Jax fut tenté de tourner les talons mais seule la perspective que Skylar lui en veuille le retint, bien qu'au vu des circonstances, il y avait des explications à demander. Se mordant la lèvre inférieure pour retenir une remarque désobligeante, Jax passa le seuil et tendit sans un mot la bouteille à Bran, non sans noter la claudication évidente du jeune homme. Il ne posa pas de question, cependant. Il était évident que Bran ne tenait pas à faire la conversation, qu'il était mécontent d'avoir été surpris de la sorte et Jax eut un sourire interne. Comme si sa venue allait faire plaisir au gosse de riche. Qu'à cela ne tienne, Jax ne s'imposerait pas plus que nécessaire. Il s'avança dans la maison et s'arrêta naturellement devant la baie vitrée qui offrait une vue de rêve sur la piscine, le jardin, le portique qui menait à la plage...
Cinq secondes. Il avait fallu cinq secondes pour que ce souvenir qui le hantait refasse surface, aussi vrai que la porte de bois blanc qui les séparait de l'horizon. Jax ferma les yeux et se détourna pour lancer à Bran:
Où veux-tu que je l'attende? Tu peux faire comme si je n'étais pas là. Je ne volerai ni ne casserai rien et je ne dirai rien, promit-il, scellant ses lèvres à l'aide d'une clé imaginaire qu'il rangea dans sa poche.
Peut-être qu'une plaisanterie apaiserait l'atmosphère, même s'il en doutait, vu l'accueil reçu.
Oui, Skylar allait se faire sonner les cloches lorsqu'elle arriverait, avec son sourire mutin qui trahirait son 'oubli'.
Si elle arrivait.
Brandon Rose

Brandon Rose


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travel diary
notebook:

   
En reculant, son dos heurta un mur. Si l’univers cherchait à lui envoyer un message, il le faisait avec un manque embarrassant de subtilité, ce qui était encore le meilleur moyen pour que Bran refuse strictement d’écouter ce que le cosmos avait à lui dire. La présence de Jax sur le seuil de sa porte ne signifiait rien. Il avait depuis longtemps abandonné l’idée que leurs rencontres aient pu avoir un sens. D’ailleurs, il n’avait rien abandonné, car cela aurait voulu dire qu’il leur avait prêté un sens en premier lieu, ce qui n’était pas le cas. Leurs existences n’étaient rien d’autre que parallèles. Collatérales. Il n’existait entre eux que des accidents, au pire et au mieux, des coïncidences. Et pourtant, l’entrée de Jax dans la maison ressemblait à quelque chose d’inévitable - de la même manière que la trajectoire d’un astéroïde était immuable, tracée depuis des confins désormais évanouis, prévue bien avant que leurs existences ne soient même conjurées au beau milieu de cet univers, une trajectoire lointaine et malgré tout, inéluctable. Et Bran n’avait pas d’autre choix que de se préparer à la collision.
Jax entra chez lui. Ça ne dura qu’une seconde. Pas d’explosion cosmique, pas de collision stellaire. Il n’y eut rien d’autre que le craquement léger du plancher sous les pas du nouveau venu et le parfum léger qui le suivit. Sans réfléchir, l’esprit encore vide, Bran prit la bouteille de vin et se décolla du mur pour aller fermer la porte restée ouverte. Le bruit de la poignée scella leur périmètre commun et il revint sur ses pas pour constater que Jax avait déjà pris ses marques. Bran stoppa net. Ses doigts se resserrèrent autour de la bouteille, comme pour s’assurer une prise avec la réalité, alors que la sensation de retrouver ses dix-huit ans réinvestit son esprit et son cops.
À nouveau, Bran observait Jax à la dérobée. Il ne l’avait jamais regardé autrement que comme ça, à distance, en retenant son souffle et le coeur battant. Mais jamais l’aîné des Bauchamp n’avait été aussi proche. Bran l’avait toujours tenu à distance. Ce n’était pas difficile, songea-t-il avec dédain, vu que Jax avait toujours semblé ne rien vouloir de plus que de maintenir le plus d’espace possible entre eux. Mais tout de même, par défi (ou par dépit), Bran s’était toujours employé à lui faire savoir qu’il n’était pas le bienvenu dans son périmètre vital. C’était contre Jax qu’il avait aiguisé ses épines les plus tranchantes, autour de lui qu’il avait fait pousser le plus de ronces. Et il aurait voulu pouvoir être capable de regarder ailleurs, être capable de se soustraire à ce besoin stupide et irrésistible d’observer Jax Beauchamp, mais il en était incapable, aujourd’hui comme quinze ans plus tôt. Ses souvenirs se superposèrent à la silhouette qui se tenait au milieu de son salon. Le Jax de son adolescence vivait, intact, dans ses souvenirs les plus enfouis et malgré lui, Bran le retrouva dans cet homme : il avait gagné en carrure et en masse, et cela n’avait fait que renforcer cette allure solide et ferme qui le caractérisait. Il était dans les détails, dans la couleur inchangée de ses yeux, dans une ligne de la mâchoire, dans le plissement des paupières, furtif et presque imperceptible, mais Brandon Rose avait passé toute une vie à cartographier Jax Beauchamp et il aurait reconnu chaque fragment de ce corps les yeux fermés. Certaines choses étaient nouvelles : la courbure des épaules, les mouvements plus lents, certaines marques, et Bran les enregistra sans même y penser. Elles étaient là, c’était Jax désormais. Différent, certes, mais toujours… Toujours le sien, quelque part.
L’aîné des Beauchamp s’immobilisa et Bran suivit instinctivement son regard, même s’il ne le voyait pas, de là où il était. Il survola la piscine, le jardin et le portique à son tour, et lorsque son regard buta contre l’horizon, il sut qu’ils pensaient à la même chose. De manière très différente, il n’en doutait pas, songea-t-il amèrement, et sa prise se raffermit autour de la bouteille. Il avait justement besoin d’un verre, ou de dix, ou d’autant qu’il en faudrait pour renvoyer tout ce qui venait de se réveiller au plus profond de lui.
Jax se retourna vers lui et Bran sursauta. I’m not staring!, s’apprêtait-il à justifier à grands renforts de gesticulation et d’argumentation, mais Jax ne semblait pas avoir remarqué l’observation intense dont il avait été l’objet. Au contraire, il mystifia Bran par une proposition qui aurait sans doute réglé tous leurs problèmes, et le danseur ne put s’empêcher d’écarquiller légèrement les yeux. Fuck. He’s funny now. Il se mordit la lèvre pour ne pas sourire, mais ne réussit qu’à moitié et croisa les bras pour se donner une contenance, une illusion d’autorité qui d’habitude fonctionnait parfaitement. Mais face à Jax, une seconde d’inattention le mettait en situation de faiblesse, ce qu’il ne pouvait pas tolérer. « Mmmh, c’est très tentant. Mais malheureusement pour toi comme pour moi, je suis un hôte absolument irréprochable et tu es mon invité. Contre mon gré, mais mon invité quand même. » répliqua-t-il en haussant un sourcil. Il considéra Jax de haut en bas, leva les yeux au ciel (bien entendu, l’idée d’ainsi nier son affirmation précédente lui passait au-dessus de la tête) et tourna les talons - avant autant de dignité qu’il le pouvait en boitant. « Viens avec moi. » fit-il avec un geste de la main, avant de gagner la cuisine.
En-dehors de la terrasse, sur laquelle elle donnait, la cuisine était la pièce où Skylar et lui passaient le plus de temps. Ils possédaient une étrange affinité avec les cuisines en général ; souvent, leurs soirées se terminaient assis autour d’une table ou juchés en équilibre sur un bout de comptoir. Ils avaient ouvert leurs coeurs autour d’un frigo, maudit les ex de Skylar assis à même le carrelage glacé de la cuisine de l’appartement de Bran et avaient échangé plus de regards éloquents que Bran n’aurait pu les compter en « allant chercher de quoi boire », le meilleur prétexte pour débriefer de ce qui se passait dans le salon juste à côté. Et aujourd’hui, malgré leurs chambres respectives ou encore le salon et sa vue imprenable, c’était encore là qu’ils se retrouvaient. Kitchen is for high drama, disait Sky (le plus souvent avec sa cuillère plantée dans un énorme pot de glace, après avoir maudit l’ex du moment sur trente-six générations et analysé chaque virgule des dix-sept messages qu’il lui avait envoyé en moins de dix minutes). Cette cuisine n’avait pas fait exception. Ils avaient souvent migré de la plage, encore couverts de sable et collants d’alcool, leurs joues chauffées par un feu de camp de fortune. Ils s’étaient souvent disputés - parfois pour des bêtises, parfois pour des choses plus sérieuses qui surgissaient au milieu de la nuit, lorsque Sky avait trop bu - et plus souvent encore réconciliés autour de la table en bois, une antiquité au moins aussi vieille que les murs mais que Bran aimait - secrètement - trop pour s’en séparer. Assis sur l’une de ces chaises, il avait longuement écouté sa grand-mère, tirée à quatre épingles et fumant sa cigarette mentholée du bout de son porte-cigarettes, lui expliquer comment organiser des réceptions à faire pâlir de jalousie la reine d’Angleterre et toute sa famille. Il avait ouvert sa lettre d’admission pour le NYCB sur un coin de table. Le grille-pain qui lui avait laissé une minuscule brûlure sur le côté de la main droite était encore là. Chaque object avait survécu aux années (thank god for Grandma Rose’s impeccable taste), chaque recoin fourmillait de souvenirs. Bien entendu, Bran aurait nié un tel sentimentalisme même sous la torture mais malgré lui, l’empreinte de cet endroit était gravée jusque dans les gestes les plus anodins. « Assieds-toi. » fit-il en tirant distraitement l’une des chaises pour Jax. Machinalement, il se dirigea vers le cabinet à vaisselle précieuse - celle que l’on ne sortait que pour les invités de marque, lui avait toujours dit son aïeule, et en sortit deux verres à vin. Il en posa un devant Jax et emporta l’autre avec lui, sur l’un des comptoirs. Il sortit un tire-bouchon de l’un des tiroirs et commença à ouvrir la bouteille, avant de jeter un regard furtif à Jax. « Les absents ont toujours tort. Et de toutes façons, ce n’est pas comme si elle pouvait boire. » se justifia-t-il. Ugh, pourquoi ressentait-il ce besoin d’expliquer le moindre de ses faits et gestes ? Il n’y avait que face à lui qu’il sentait ses barrières s’effondrer, que sa confiance en lui se fissurait. Il avait toujours eu l’impression que Jax le perçait à jour comme personne d’autre ne le pouvait. Et visiblement, il ne fallait que quelques minutes en la présence de l’aîné des Beauchamp pour que la sensation ne reprenne, plus vive que jamais. Bran se mordit brièvement la lèvre et se racla la gorge. No. I can do it. « Tu sais qu’elle est enceinte, right ? » lança-t-il, volontairement narquois. La bouteille s’ouvrit avec un pop et Bran la poussa sur le côté pour la laisser décanter, attrapant à la place un morceau de pain et son fidèle couteau à découper. Mais le son d’une notification le stoppa net et il sortit son téléphone de sa poche. Le nom de Skylar apparut à l’écran. « Tiens, tiens, en parlant du loup. » annonça-t-il. Le ton de sa voix ne dissimulait rien de ses envies d’homicide, d’ailleurs matérialisées par sa prise raffermie autour du couteau à pain. Dude, I totally forgot the dinner. Pregnancy brain haha. Please play nice and DONT! BE! WEIRD. I’ll be there. « Oh, écoute ça. Elle a oublié que le dîner était aujourd’hui. Comme c'est étonnant. » ajouta-t-il, le couteau valsant dans l’air alors qu’il tapait une réponse du bout du pouce. Get. There. Now. And I’m not weird! « Elle arrive. » grinça-t-il en reposant son téléphone sur le comptoir. Il ne pouvait pas croire que Skylar ait oublié son propre frère. Qu’elle l’ait oublié, lui. Il ferait bonne figure pour le dîner mais une fois Jax rentré chez lui (où habitait-il, d’ailleurs ?), il n’allait faire qu’une bouchée des grands yeux suppliants et des excuses de son amie. Il rassembla le pain sur une assiette, sortit du frigo (presque vide) ce qu’il put d’appétissant et déposa le tout sur la table. Et comme le vin avait assez décanté, il servit un verre à Jax puis à lui-même, avant de retourner s’appuyer sur le comptoir. Jax, dans la cuisine de la maison de vacances. La scène se cimenta d’elle-même dans son esprit : la couleur de sa chemise, la lumière sur son visage, juste… sa présence, irréelle, étrangement familière, comme si cette chaise n’avait jamais attendu que Jax Beauchamp. Comme s’il l’avait toujours attendu ici, dans cette cuisine, dans cette maison, dans sa vie. « Cheers. À ton retour. » murmura-t-il en tendant son verre. Leurs regards se croisèrent, une seconde de trop et Bran détourna les yeux, noyant sa gorge nouée dans une gorgée de vin. Il n’avait même pas réalisé qu’il tenait toujours le couteau dans sa main. So much for not being weird.
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