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we all need somebody to lean on

2 participants
Lydia Pullman

Lydia Pullman


pseudo : Olivia
fc, credits : olivia holt | raspberry-panda (avatar)
messages : 21
points : 25
birthday : 19 (04.07.2002)
job : desk job @ the tourism office
love life : empty
hobbies : drawing, taking pictures, creating her own jewelry

   
NAS + LYDIA
@Naseer Brahmani
sometimes in our lives
we all have pain, we all have sorrow.
but if we are wise,
we know that there's always tomorrow.

(lean on me, bill withers)

La vie de Lydia Pullman aurait dû être bien différente de ce qu'elle était à l'heure actuelle mais voilà, la vie avait ses ratés et il n'y avait pas grand-chose qu'elle puisse faire pour y remédier — du moins jusqu'à ce qu'un petit génie invente une machine à remonter le temps. Elle n'aurait même pas su dire quel élément elle modifierait, quel événement elle éviterait, quels pas elle suivrait à nouveau. Car quel que soit le jour où elle pouvait faire basculer sa vie, elle allait perdre quelque chose de son existence présente, non? La plus importante étant évidemment Iris, sa fille. L'enfant avait beau être le bouleversement le plus flagrant, elle n'en était pas pour autant l'origine. Elle n'étais pas une erreur, comme Lydia avait voulu le croire au départ, quand tout lui semblait insurmontable, mais elle n'en restait pas moins une responsabilité à laquelle la jeune maman n'arrivait pas à s'adapter.
Cet après-midi, cependant, elle était momentanément libérée de ses obligations, sa mère ayant proposé de garder la fillette pour la laisser souffler. La question, maintenant: qu'était-elle censée faire, elle qui n'avait plus l'habitude de sortir à sa guise ou de profiter de son insouciance? De toutes façons, elle avait perdu cette dernière il y a bien longtemps. Les quelques "amis" de lycée qui étaient revenus pour l'été avaient paru mal à l'aise en sa présence et Lydia avait eu l'impression qu'ils se regardaient en chiens de faïence dès qu'ils devaient s'adresser plus de quelques mots, des banalités affligeantes qui ne faisaient que lui remémorer à quel point elle était désormais déconnectée des autres. Alors, que faire? Errer comme une âme en peine en ville en cherchant quelqu'un qui se découvre une sorte de pitié pour elle? Se réfugier dans une salle obscure et se gaver de pop corn? La réponse lui vint alors qu'elle passait près de l'épicerie générale de Port Haven et qu'une silhouette floue se laissait deviner à l'intérieur. La demoiselle jeta un coup d'oeil à sa montre et estima que Nas devrait bientôt avoir fini sa journée de travail. Elle n'était pas sûre que passer la fin de journée en sa compagnie soit la meilleure perspective du garçon mais Lydia préféra tenter sa chance auprès d'un nouveau venu plutôt que d'expérimenter un autre malaise avec l'un de ses anciens camarades de classe. Sa décision prise, elle s'installa sur l'une des barres métalliques qui servaient habituellement à attacher un vélo et attendit que l'adolescent sorte. Pour patienter, elle sortit un roman de son sac à dos et enfonça un écouteur dans son oreille.
Elle n'avait pas encore atteint le chapitre suivant lorsque la clochette de la porte annonça la sortie de quelqu'un et Lydia releva le nez pour sourire au jeune employé du magasin:
Hey, ça te dit un tour à la librairie et un cornet de frites?
Autant y aller franchement, non?
S'il te plait, dis oui, le supplia-t-elle intérieurement, et elle espéra que son sourire et son regard ne trahissaient pas trop sa solitude et le côté désespéré de sa tentative.
Naseer Brahmani

Naseer Brahmani


diary :
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A place, a world unseen to us all
But it's okay; we'll be together.


pseudo : rizwans, elle/she.
fc, credits : ajay friese — myself (ava), brutal (lyris: olivia rodrigo).
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birthday : 18.
job : stupid summer job @ general store.
love life : smitten with a long-haired, blue-eyed very dreamy boy.
hobbies : stargazing, math, comics, his bike.

travel diary
notebook:

   
La journée tirait à sa fin et Nas l’avait passé penché au-dessus de son téléphone, à tel point qu’il en avait mal à la nuque. Pourtant, il n’avait pas vu le temps passer. La notification reçue ce matin avait aspiré ses pensées et réduit à néant toute autre motivation que celle d’explorer la page instagram de Greyson Woodley. Il avait essayé, vraiment. Il avait rangé et re-rangé les pots de sauce tomate premier prix, fait semblant de s’intéresser aux dernières nouvelles colportées par Miss Penderghast (soixante-dix-huit ans et plus toutes ses dents...), dépoussiéré les rayons du fond, mais ça avait été plus fort que lui. Il revenait constamment derrière le comptoir pour plonger tête la première dans la contemplation de ce paysage digital, comme s’il regardait par une fenêtre dérobée. Grey l’avait ajouté en premier et pourtant, il éprouvait une sorte d’étrange culpabilité à dérouler le profil. You shouldn’t be doing this, chuchotait une voix inconnue mais persistante, it’s wrong, continuait-elle dès qu’il ouvrait Instagram et tombait sur le visage souriant. Et pourtant, pourtant, pourtant, Nas ne pouvait s’en empêcher. Le pouvoir d’attraction était irrésistible et il s’y soumettait sans aucune résistance. Comment aurait-il pu faire autrement ? Chaque photo lui révélait une facette différente, un angle encore inexploré, tant et si bien qu’il n’était plus sûr de ce qu’il caressait : l’écran, ou bien la peau qui se dissimulait sous les pixels ? Et comme si cela ne suffisait pas, alors qu’il passait aux photos sur lesquels Grey avait été taggué (autant aller jusqu’au bout de sa petite séance d’espionnage, s’était-il dit en tentant de se convaincre qu’il essayait simplement d’être minutieux), il entr’aperçut la silhouette d’un corps dénudé, juste assez pour que ses joues s’embrasent et que tout son corps soit traversé d’un éclair fulgurant. Foudroyé de honte, Nas lâcha son téléphone qui tomba durement sur le comptoir. Il ne pouvait croire ce qu’il venait de voir, pas plus qu’il ne pouvait admettre le tourbillon qui gronda en lui. Il avait déjà toutes les peines du monde à repousser l’escogriffe aux cheveux longs de son esprit, et maintenant… Ça.
La fin de son shift arriva comme une délivrance et Nas fourra son téléphone tout au fond de son sac alors qu’il laissait la place à son collègue. Voilà, là, Greyson Woodley, ses cheveux longs, son sourire de canaille et sa peau bronzée ne pourraient l’atteindre. Il ne voulait plus consacrer une seconde de son précieux temps à Grey. Plus une seule !
Et c’est donc armé d’une résolution nouvelle que Nas franchit la porte de l’épicerie, le coeur vaillant et tomba nez-à-nez avec Lydia Pullman.
Coupé dans son élan, Nas vacilla et faillit même s’étaler de tout son long devant la jeune fille (auquel cas il n’aurait même pas tenté de se relever, et aurait choisi de se laisser mourir de honte ici, juste devant l’épicerie) mais se rattrapa au dernier moment. Il ne s’attendait pas à voir Lydia - certes, ils s’étaient liés d’amitié rapidement mais Nas n’aurait jamais pensé qu’elle puisse venir le chercher jusqu’ici. Lydia Pullman était ce genre de filles qu’il n’aurait jamais osé ou rêvé approcher au lycée : comme Greyson (ugh, encore lui !), elle possédait cet… éclat, cette étincelle qui attirait le regard et l’entraînait avec elle, où qu’elle aille, quoi qu’elle dise, et ce malgré le voile qui recouvrait parfois son regard. Oh, Nas l’avait remarqué assez vite, ce qui habitait le visage de Lydia lorsqu’elle pensait que personne ne la regardait, mais il le gardait pour lui - peut-être par crainte de la froisser, de la faire fuir ou peut-être parce qu’il se reconnaissait un peu trop, quelques fois, dans l’obscurité qui assombrissait les yeux de Lydia. Peut-être était-ce la raison de leur entente, cet accord tacite et inconscient de partager le poids de ce qui leur alourdissait le coeur ; dans tous les cas, Nas accueillait la présence de la jeune fille comme un chat accueille un rayon de soleil qui s’échappe d’un volet mal fermé. Hey, ça te dit un tour à la librairie et un cornet de frites ? « Miss Pullman, vous lisez dans mes pensées. » répondit-il avec un sourire soulagé. La perspective de passer du temps avec son amie et d’explorer la ville lui semblait infiniment plus alléchante plutôt que de rentrer directement chez ses cousins qui semblaient concourir à Who Can Ignore Nas The Hardest? tous les soirs. « Je te suis ! Tout le monde me parle de ces frites, elles ont intérêt à être bonnes… » poursuivit-il en emboîtant le pas à Lydia, lui jetant un regard en biais pour mieux lui donner un gentil coup de coude. « Ça va ? » Il faisait bon, le soleil commençait à peine à se coucher et l’odeur de la mer déjà remontait le long de la rue. Si Lydia n’avait pas passé une bonne journée, Nas se ferait un point d’honneur de changer la donne.
Lydia Pullman

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Si elle avait rapidement apprécié la personnalité de Nas — où du moins ce qu'il en avait laissé entrevoir, après tout, Lydia ne connaissait pas encore très bien le nouveau venu mais comptait bien apprendre à le découvrir — c'était surtout le fait qu'il ne sache presque rien d'elle qui rendait sa compagnie agréable. Avec lui, pas besoin de redouter une allusion à leurs années adolescentes, inutile de contourner les sujets délicats, elle pouvait faire comme si l'étiquette "fille-mère" ne lui collait pas à la peau.
Elle pouvait se sentir normale.
C'était absurde, en un sens, elle le savait. En dehors de sa situation familiale, elle n'avait rien de spécial, elle avait été une élève dans la moyenne, elle avait participé à des activités extrascolaires dans l'unique but d'enjoliver les dossiers qu'elle avait envoyés aux différentes universités qui l'intéressaient (toutes étrangement situées à l'autre bout du pays, voire même sur d'autres continents), elle avait attendu le bal de promo avec impatience, elle avait fait partie d'un groupe d'amies, elle avait eu des projets et des rêves. Et tout était tombé à l'eau du jour au lendemain — même s'il lui avait fallu neuf mois pour réaliser les bouleversements occasionnés par sa grossesse et les choix irréversibles qui s'étaient imposés à elle. Mais, justement, avec Nas, Lydia oubliait momentanément le tournant qu'avait pris sa vie. Elle pouvait se prétendre insouciante, libre de toute entrave. Elle pouvait être celle qu'elle aurait dû être s'il n'y avait pas eu...
Lydia chassa aussitôt le nuage menaçant qui risquait de lui embrumer le cœur, même si un voile persista au fond de son regard, comme elle guettait le moindre qui puisse augurer que Nas avait mieux à faire que trainer avec elle. C'était inévitable, la jeune fille avait appris à déceler les signes d'un malaise, d'une excuse pour s'esquiver. Elle n'était plus aussi drôle qu'avant, la vague popularité que lui apportaient sa chevelure de blé et ses yeux noisette s'était étiolée au même rythme que son ventre s'était arrondi, comme si, par quelque sombre magie, sa grossesse pouvait s'avérer contagieuse. Lydia n'avait jamais cru pouvoir tomber en disgrâce mais elle avait bien dû se rendre à l'évidence que la réputation était une chose fragile qui se brisait face au mur des convenances et croyances profondément ancrées dans leur société.
La réponse du jeune homme ne tarda pas à la rassurer et à lui réchauffer le cœur. Un sourire ravi — et soulagé — étira ses lèvres roses et elle sauta en bas de son perchoir, rangeant distraitement son livre avant de s'approcher du garçon.
Tu ne seras pas déçu, lui assura-t-elle avec un petit rire. Et si tout le monde le dit, en plus...
Elle se demanda qui était ce monde auquel il faisait référence et elle eut un pincement au cœur à l'idée qu'il puisse se trouver des amis avec qui trainer, des amis qui ne manqueraient pas de lui raconter le secret honteux qu'elle ne cherchait pas vraiment à lui cacher mais qu'elle ne tenait pas vraiment à ce qu'il le découvre non plus. Tant qu'elle pourrait rester Lydia, l'adolescente, et non Lydia la jeune maman, elle savourerait chaque instant de cette facette factice de son existence.
Après il n'y a pas grand-monde pour faire concurrence à Bunny mais tu as sans doute déjà pu goûter meilleur ailleurs.
Pour elle qui n'avait jamais vraiment quitté Port Haven à l'exception des vacances d'été, la vie à l'extérieur semblait toujours terriblement excitante et elle avait passé sa jeunesse à rêver celle qu'elle mènerait dès qu'elle pourrait voler de ses propres ailes. Malheureusement, le destin (ou son manque de précaution) en avait décidé autrement.
Le léger coup de coude et la question de Nas la tirèrent de ses pensées et elle réalisa qu'encore une fois, un rien l'avait attirée dans les méandres d'une mélancolie dont elle ne parvenait pas à se défaire. Elle esquissa pourtant un sourire sincère et hocha la tête:
Maintenant oui, lui répondit-elle. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Et toi? Ta journée s'est bien passée?
Elle imaginait que son boulot devait être aussi peu passionnant que celui qui comblait ses journées et lui rapportait un peu d'argent mais si elle avait bien compris, il ne s'agissait que d'un emploi temporaire, qui ne durerait qu'un été avant qu'il retourne d'où il était venu. Lydia préféra ne pas y songer. Parce qu'elle savait déjà que sa compagnie lui manquerait mais aussi parce que ça lui rappelait qu'elle était vouée à rester à Port Haven quand tous les jeunes de son âge s'éparpilleraient aux quatre coin du monde.
Naseer Brahmani

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Il y a encore quelques temps, l’idée d’être vu en ville à côté d’une fille comme Lydia l’aurait rempli d’une angoisse qu’il aurait eu toutes les peines du monde à contrôler. D’ailleurs, lorsqu’ils avaient commencé à se lier d’amitié, Nas passait des heures à rejouer leurs conversations, terrifié à l’idée d’avoir dit un mot de travers, d’être passé pour… pour il ignorait quoi, un mec incapable de tenir sa langue dans sa poche ou qui ne se rendait pas compte que ses blagues étaient trop lourdes. Mais Lydia, elle, semblait imperméable à cette anxiété. Et ainsi, Nas avait fini par accepter l’idée que cette fille aussi jolie qu’intéressante était devenue son amie, pas par jeu mesquin, mais parce qu’elle était tout simplement sincère. Et il ne l’avait pas encore dit Lydia, parce que l’été ne faisait que commencer, mais il ne voulait pas que leur lien disparaisse lorsqu’il repartirait de Port Haven. Elle pourrait même venir le voir en Californie ! Et il était déjà en train d’imaginer tout ce qu’ils pourraient faire ensemble lorsque la jeune fille s’enquit de sa journée. Nas eut un petit rire, mi-amusé, mi-résigné. « Longue. Je sais désormais que la capacité maximale d’un rayon est de quarante-six pots de sauce tomate. Fascinant, hein ? » soupira-t-il en s’étirant. En vérité, il avait surtout passé sa journée à décortiquer chaque photo de l’instagram de Grey, frôlant parfois la crise cardiaque lorsqu’il croyait avoir liké une photo datant d’il y a trois ans. Il avait d’ailleurs pu constater la très plaisante évolution capillaire du garçon en long, en large et en travers, et devait avouer qu’il préférait Grey avec ses cheveux longs… Soudain, il se demanda si Lydia le connaissait. Après tout, ils avaient tous le même âge, non, ou presque ? Ils s’étaient peut-être croisés au lycée. Ils avaient peut-être même partagé une ou deux classes ensemble. Quelque chose remua en Nas - une pointe, une vrille au creux du ventre, qu’il refusait de nommer jalousie et auquel il préférait donner le nom de curiosité. « Dis-moi, tu connais… » commença-t-il avant de se raviser d’un coup. Non, il ne pouvait pas prendre le risque d’ébruiter son secret, même avec Lydia. Elle ne voulait pas qu’il se demande pourquoi il cherchait à en savoir plus sur Greyson - et d’ailleurs, pourquoi cherchait-il à en savoir plus, hein ? Nas se mordit l’intérieur de la joue et sourit timidement à la jeune fille. Peut-être qu’il aurait été plus simple si ça avait été elle… Mais non, il ne voulait même pas y penser. Et Lydia n’était pas un pion sur l’échiquier chaotique de ses sentiments : elle était une amie. Elle ne méritait certainement pas qu’il la voit comme un remplacement, même hypothétique, de quoi que ce soit. « Non, rien. Laisse tomber. Oh, on y est ! » fit-il en désignant la petite guérite colorée devant lequel un attroupement se formait déjà. Un peu plus loin, au bout d’un ponton, la librairie flottante se balançait tranquillement sur l’eau scintillante du port. Port Haven avait ses défauts mais Nas ne pouvait pas le nier : le décor de carte postale le changeait franchement de la grisaille déprimante de Jersey City. Oh no. I’m starting to actually like it here. « On commence par les frites ? C’est moi qui invite. » lança-t-il en gratifiant Lydia d’un petit clin d’oeil. Il n’attendit pas sa réponse, ne voulant pas lui donner l’occasion de répliquer - il était, après tout, un gentleman - et profita du départ d’un groupe pour passer commande au comptoir du Bunny’s. À quoi bon perdre son temps derrière son propre comptoir de caissier s’il n’en profitait pas pour vivre un peu ? Il aurait tout le temps de manger des ramen industrielles dans sa minuscule chambre d’étudiant à Stanford.
En quelques minutes, l’énorme cornet de frites fut prêt et Nas le récupéra pour rejoindre Lydia, à quelques mètres de là, sur un banc qui venait de se libérer. « Et voilààà, mademoiselle. Vos frites sont servies. » annonça-t-il avec une petite révérence. Il tendit le cornet pour que Lydia puisse picorer comme elle le voulait et chipa une frite au passage, la soupesant avec exagération. « Bon, voyons si la réputation est justifiée. » déclara-t-il, faussement sérieux, avant d’avaler la frite et de prendre tout son temps pour l’évaluer, fermant même les yeux un instant comme pour en apprécier toute la saveur. Puis il les rouvrit et jeta un regard malicieux à Lydia. « Mmmh, ok, ok. Huit sur dix. Allez, huit et demie. Would recommend. » annonça-t-il avec un sourire taquin. Il attrapa une autre frite et regarda autour de lui. Une brise agréable s’était levée et passa dans ses cheveux. Le soleil les gratifiait d’une douce chaleur. Soudain, la vie lui sembla douce et il se sentit presque léger, comme il ne l’avait pas été depuis des jours. Et la présence de Lydia à ses côtés, familière, réconfortante, n’était pas étrangère à ce sentiment. « Et toi, ta journée ? Je dirais même plus : ton été ? » demanda-t-il en étendant ses grandes jambes pour les faire profiter un peu du soleil tant qu’il en restait encore.
Lydia Pullman

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S'il arrivait souvent à Lydia de se demander comment serait sa vie s'il n'y avait pas eu de grossesse, pas d'enfant, pas de responsabilité, elle chassait en général ces pensées de son esprit. C'était se faire du mal inutilement puisque rien, ni formule magique, ni retour inopiné dans le temps, ne pourrait lui permettre de changer sa trajectoire. Et puis, maintenant qu'Iris était là, pouvait-elle vraiment souhaiter choisir une dimension où elle n'existerait pas? Impossible. Malgré tous les tracas, les écueils, les portes qui s'étaient fermées, Lydia ne pouvait plus envisager une existence où sa fille n''était pas là pour lui sourire lorsqu'elle pénétrait dans sa petite chambre, où son rire innocent illuminait des matinées moroses, où l'essence d'Atticus qu'elle voyait en Iris ne la ramenait pas à ces heures de volupté et de bonheur intense dans lequel l'adolescente avait baigné.
Parce qu'elle avait été heureuse, elle le savait, et même si tout lui avait été arraché aussi subitement qu'il lui avait été donné, elle ne referait pas le monde, elle n'effacerait ni Iris ni Atticus de son passé. Ils avaient fait d'elle celle qu'elle était et même si elle se trouvait loin du tableau qu'elle avait dessiné pour son avenir, elle avait appris à en façonner un nouveau, voilà tout.
A la réponse résignée de Nas, un petit rire lui échappa, qu'elle chercha à ravaler ou dissimuler derrière sa main, consciente que la situation était plus triste que drôle mais le jeune homme avait un talent inné pour tout tourner en dérision et Lydia lui envia cette capacité. Si elle avait pu alléger son quotidien grâce à cette façon de considérer les choses, peut-être celui-ci lui aurait-il semblé moins lourd à porter.
— Je verrai les rayons d'un autre œil, maintenant, répliqua-t-elle sur un ton qu'elle espérait léger.
Elle lui rendit son coup de coude pour signifier qu'elle comprenait son ressenti, puis haussa les sourcils lorsqu'il sembla vouloir embrayer sur un autre sujet.
— Oui...?
Attentive, elle continua à le regarder tout en marchant, s'interrogeant sur l'identité de la personne qu'elle pouvait peut-être connaitre (et qu'elle connaissait sûrement, en réalité, si c'était quelqu'un qui vivait à Port Haven; la ville était de taille assez réduite et le nombre d'habitants aussi, par conséquent) mais Nas changea d'avis et, bien que perplexe, Lydia n'insista pas sur le moment, même si, bien sûr, la curiosité s'insinua dans son cœur. Mais peut-être que Nas n'en avait pas après une personne en particulier, peut-être était-il sur le point de lui demander si elle connaissait un bon boulanger ou une boutique qui vendrait quelque chose de bien spécifique?
— OK, dit-elle simplement, sans cacher la pointe d'interrogation qui subsistait tout de même. Mais sache que je suis née et j'ai grandi ici, je connais le coin comme ma poche.
Elle ne se doutait pas un instant, évidemment, qu'à côté de certains, sa maitrise des environs était presque dérisoire. Elle n'avait jamais été du genre à déambuler seule dans la forêt environnante, par exemple, préférant de loin le confort de la petite ville et des loisirs qu'elle avait à offrir —  le cinéma et la librairie flottante plus précisément.
Oubliant presque immédiatement l'attitude étrange de Nas, Lydia le suivit alors qu'il s'approchait pour passer commande. Elle s'en voulut un peu de se faire inviter de la sorte alors qu'elle l'avait pris en embuscade à la sortie du magasin mais se promit de l'inviter la prochaine fois — et elle sourit à cette perspective: il y aurait de prochaines fois, elle s'était fait un nouvel ami et elle avait l'impression de cruellement manquer d'amis depuis plusieurs mois. Cette constatation lui gonfla la poitrine d'une douleur aiguë mais elle s'efforça de chasser le chagrin avant que Nas ne s'aperçoive des larmes qui pointaient et elle s'écarta pour rejoindre un banc et se donner le temps de ravaler cette reconnaissance qui lui paraissait idiote et exagérée. Pourquoi fallait-il qu'elle se fasse toujours une montagne de tout?
Au bout de quelques minutes, Nas la rejoignit et elle l'accueillit avec un grand sourire réaffirmé et le regard à nouveau sec.
— Merci, Nas, souffla-t-elle en attrapant une frite dans laquelle elle mordit avec un petit gémissement bienheureux.
Les mots étaient peut-être simples et basiques mais ils recelaient bien plus de vérité que ce qu'ils laissaient deviner.  Elle l'observa ensuite avec attention alors qu'il jouait les fins connaisseurs et laissa à nouveau échapper un petit rire devant la comédie qu'il savait faire pour rendre drôles les choses les plus banales.
— Je promets de ne pas révéler au proprio que tu ne mets que huit et demie aux meilleures frites du coin, plaisanta-t-elle en attrapant une autre frite.  
Mais son sourire s'étiola sensiblement lorsqu'il évoqua la perspective de l'été entamé. Elle ne parvint pas à neutraliser l'amertume qu'il lui inspirait:
— Oh, l'été sera comme le printemps, l'hiver, l'automne et l'été précédents...
A la différence qu'elle ne devait plus afficher un ventre de plus en plus proéminent avec la sensation que les gens étaient soit complètement absorbé par sa grossesse, soit occupé à faire des pirouettes comme s'ils ne remarquaient pas son état — et elle ne savait pas ce qui était le pire. Ces derniers mois avaient été éprouvants mais ceux qui s'annonçaient ne semblaient pas l'être moins, juste d'une autre façon.
— Mes parents étaient catégoriques: je ne vais pas à l'université? très bien, mais je n'allais certainement pas me tourner les pouces à la maison. Alors j'ai trouvé ce job à l'office du tourisme. En août, cela fera un an que j'y travaille.
Lydia omit sciemment de préciser que c'était sa mère qui lui avait trouvé la place et qu'elle avait eu quelques semaines de 'repos' (merci Iris) avant la reprise quelques semaines plus tôt, un peu avant l'arrivée de Nas à Port Haven. Cette constatation invita à une transition naturelle, même si elle n'avait pas trop osé interroger Nas jusqu'à présent:
— Et toi? C'est le premier été que tu passes ici, n'est-ce pas? Je me serais souvenue si tu étais venu par le passé.
Elle faisait peut-être preuve d'un peu trop d'assurance, pour le coup. Si ça se trouvait, il était déjà passé à Port Haven l'année passée, ou l'année d'avant, mais à ces périodes-là, elle avait sûrement d'autres choses en tête — Atticus, une année, ce qui lui restait d'Atticus la suivante.
— Tu as de la famille dans le coin, du coup? Je te dis, je connais tout le monde, ou presque.
Loin d'elle l'envie de l'embêter avec ces questions mais n'était-il pas naturel qu'elle le questionne? Les gens qui venaient à Port Haven avaient toujours une bonne raison d'y être: soit ils y étaient nés, soit ils y avaient une seconde résidence, soit ils y venaient parce qu'ils cherchaient à se ressourcer dans un coin reculé; mais rares étaient les gens qui atterrissaient là par hasard, ça c'était certain.
Naseer Brahmani

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Le soleil caressait son visage avec légèreté. L’été atteignait son zénith, là où les jours étaient longs et chauds, interminables, et Nas attendait la nuit et les étoiles avec impatience chaque soir. Il s’était toujours senti mieux dans l’obscurité relative, l’entre-deux. Peut-être parce qu’il n’avait à parler à personne… Et pourtant, à cet instant, il appréciait d’être dehors et d’appartenir au jour.
Oh, l'été sera comme le printemps, l'hiver, l'automne et l'été précédents…
Intrigué, il rouvrit les yeux et jeta un coup d’oeil à Lydia. Il aurait voulu lui demander ce qu’elle entendait par là. Ce n’était pas la première fois qu’elle évoquait ce drôle de sentiment, cette impression de… monotonie, mais Nas n’osait jamais creuser plus loin. Il avait l’impression qu’il y avait derrière Lydia tout un monde dont il ignorait l’existence. Elle avait certainement une excellente raison de ne pas lui en parler - après tout, ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines - mais il aurait aimé être là pour elle. Il ressentait avec elle une douce connexion, sans attentes ni pression, et il s’en voulait de ne pas pouvoir être l’épaule dont elle avait peut-être besoin. Maybe she’ll come to me, eventually.
Il reprit une frite et l’écouta parler de là où elle travaillait, où il n’avait jamais mis les pieds. «  Et ça te plaît ? Tu dois rencontrer du monde, au moins. » Il faillit lui demander pourquoi elle n’avait pas choisi d’aller à l’université, mais se retint au dernier moment. Il ne voulait pas être impoli ou raviver de mauvais souvenirs. Tout le monde n’avait pas les moyens, la possibilité ou même l’envie. Quand à lui… La somme astronomique (ah, la bonne blague) qu’il avait dû emprunter pour pouvoir financer son année à Stanford lui donnait le vertige. Tout à coup, il regretta de ne pas avoir plus d’heures de travail. Ugh ! Dans quelle société vivait-il pour qu’il en soit à vouloir un truc pareil ? C’est le premier été que tu passes ici, n’est-ce pas ? Nas hocha à nouveau la tête et se frotta la main pour en chasser le sel qui restait accroché au bout de ses doigts. « Yep. Premier été. J’avais des préjugés, mais tu fais remonter la ville dans le classement, je t’assure. » fit-il en souriant. Premier été… Mais était-ce le dernier ? Le souvenir d’un regard bleu cristal passa fugitivement dans un coin de sa tête. Tout à coup, il n’en était pas si sûr et son coeur loupa un battement. Et lorsque son amie évoqua sa famille, ce fut toute sa cage thoracique qui tressauta. Et s’ouvrit, comme si la douceur sincère de Lydia était une clé capable de déverrouiller la serrure. « O-oui. La famille de ma mère. Les Ackroyd, sur Klatt Orchard ? » La maison de sa mère. Là où elle avait grandi, avec son frère, ses parents, et son cousin, qui y habitait toujours avec sa propre famille. Il y avait des jours où c’était trop irréel de réaliser qu’il se tenait peut-être à l’exacte endroit où elle s’était tenue un jour. Qu’il se regardait dans le même miroir qu’elle, au même âge. « J’habite chez eux, d’ailleurs. » ajouta-t-il. Il se souvenait de son coeur battant, de l’arrêt de bus de Port Haven où personne ne l’attendait. Il avait cherché l’adresse sur son téléphone, s’était perdu plusieurs fois avant d’arriver à bon port. Et lorsqu’il avait frappé à la porte, il avait attendu longtemps avant qu’on ne lui ouvre, avec cette crainte méfiante qui caractérisait tous les membres de cette famille. Famille à laquelle il appartenait, qu’il(s) le veuille(nt) ou non. « Je crois qu’ils auraient préféré que je ne vienne pas. » souffla-t-il en esquissant un frêle sourire. Il le sentait. Dans leurs silences gênés, leurs absences qui semblaient toujours coïncider avec sa présence, les regards qui pesaient lourdement sur son visage quelques fois. Il y avait quelque chose, chez lui, qui semblait paralyser tout contact. « Elle est morte quand j’avais huit ans. Accident de voiture. » lâcha-t-il. Inconsciemment, il serra les poings. Il aurait voulu pouvoir dire qu’il se souvenait exactement du jour, de l’heure, de là où il se trouvait, de ce qu’il faisait lorsque son père lui avait appris la nouvelle. Mais c’était faux. Comme tout ce qui concernait sa mère, Nas naviguait dans le flou, sa détermination d’en savoir plus pour seule boussole. Il ne possédait rien d’elle. Son père ne conservait que quelques photos, rangées au fond d’un placard, sous des boîtes à chaussure, un aspirateur et de vieux journaux. Comme si son souvenir ne méritait pas mieux que d’être remisé avec ces objets hétéroclites, oubliables, oubliés. Et ce n’était qu’avant de partir que son père avait consenti à lui donner l’un des photos, pliée en quatre, écornée, à moitié déchirée - et encore, il avait fallu l’incident pour qu’il se décide à déverrouiller leurs souvenirs. Nas secoua la tête. « Il paraît que je lui ressemble. Pas vraiment physiquement, mais dans le… caractère… » continua-t-il en ramenant un genou contre lui. You’re your mother's son, voilà ce que lui avait dit son père avant de le mettre dans le bus pour Port Haven. Il lui avait posé une main hésitante sur l’épaule, lui qui ne se permettait jamais un geste de trop et avait semblé vouloir lui dire quelque chose. Une mise en garde, peut-être ? Nas se rappelait la tension qui avait tendu son corps à cet instant, ce besoin qu’il avait de comprendre, d’en savoir plus, cette rage soudaine, cette envie d’attraper son paternel par les épaules et de le secouer jusqu’à ce que la vérité tombe de lui comme un fruit tomberait d’un arbre malmené. Tant pis si elle se venait s’écraser à leurs pieds, tant pis si ce que son père avait à lui dire n’était que ça : un fruit pourri, gâté ; il fallait qu’il sache. Mais son père avait simplement retiré sa main. Il l’avait poussé vers le bus comme on écarte un enfant agaçant et depuis, Nas tournait en rond à Port Haven. Quoique, s’il était honnête avec lui-même, son chemin prenait plutôt la forme d’un étrange zigzag, ces temps-ci. « Elle s’appelait Grace. » finit-il par dire, les yeux rivés sur le bout de ses chaussures, comme une étrange conclusion. Ce qu’il venait de dire à Lydia constituait l’étendue de ce qu’il savait sur son insaisissable mère. « Désolé, Lydia. Je ne voulais pas casser l’ambiance. » fit-il, gêné. Nas se racla bruyamment la gorge et se leva, prenant soin d’épousseter son blouson de peluches inexistantes, avant de revenir (courageusement ?) vers Lydia. La pauvre, elle n’avait rien demandé et voilà qu’elle se retrouvait à devoir gérer son drame familial. « C’est juste que… Je sais que je peux te faire confiance et… te parler. » balbutia-t-il maladroitement. « Et j’espère que… Enfin, si jamais tu as besoin… Enfin, c’est la même chose de mon côté… » s’emmêla-t-il en rougissant. Il ne voulait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, et en même temps, il avait toujours trouvé ça un peu étrange, cette obligation de garder pour soi ses soucis. À quoi bon être à deux, si c’était pour taire tout ce qui bouillonnait, doucement, sûrement, sous la surface ? Nas se racla la gorge, encore, trop fort, et tenta un sourire. « Voilà, maintenant que tu sais tout de mon passé tragique de bad boy, on peut aller à la librairie. » conclut-il en se mordant l’intérieur de la joue, ses épaules encore un peu raides et les mains fourrées dans ses poches, priant intérieurement à toutes les déités possibles et inimaginables pour que Lydia ne prenne pas ses jambes à son cou.
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