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wreck my plans.

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Naseer Brahmani

Naseer Brahmani


diary :
wreck my plans. 3fcc8ae6759d13128f50b1d18b3fc642505bc667


A place, a world unseen to us all
But it's okay; we'll be together.


pseudo : rizwans, elle/she.
fc, credits : ajay friese — myself (ava), brutal (lyris: olivia rodrigo).
messages : 131
points : 141
birthday : 18.
job : stupid summer job @ general store.
love life : smitten with a long-haired, blue-eyed very dreamy boy.
hobbies : stargazing, math, comics, his bike.

travel diary
notebook:

   
--greyson&nas;
you've got me off track,
got me thinkin' abstract.

@the band camino, daphne blue.


Au moment où Greyson avait disparu derrière la porte de l’épicerie, emportant avec lui son sourire, Nas était resté un instant planté derrière le comptoir, les billets dans la main et le regard fixé sur le panneau qui affichait ‘OPEN’. Le ronronnement des néons bourdonnait paresseusement contre ses oreilles. Le calme revint, bienvenu après le passage bruyant de la petite bande. Tout allait bien.
What the fuck did I just do?
Toutes griffes dehors, la panique l’avait saisi à la gorge. Nas avait tenté de s’en débarrasser, de rejeter le doute qui s’accrochait de toutes ses forces pour s’enrouler comme un serpent autour de sa cage thoracique, de maîtriser les battements erratiques de son coeur et il n’était parvenu à bouger que parce qu’il commençait à geler sur place, l’air climatisé lui souffrant directement sur la tête (à y repenser, c’était peut-être la raison pour laquelle il avait si souvent l’impression d’être paralysé). Oh my god, oh my god, oh my god. Il avait dit oui. Oui à une soirée où il n’y aurait que des inconnus. Oui à une soirée où il n’existerait aucune sortie, aucun système de repli, aucune possibilité de s’échapper en toute discrétion. Oui à l’inconnu, ce qui était pourtant son domaine de prédilection : ne passait-il pas constamment le nez en l’air, à essayer de donner du sens aux étoiles, à un espace immense qui, à cet instant, aurait pourtant été trop étroit pour contenir toutes les questions qui se bousculaient dans son esprit ?
La curiosité qu’il éprouvait était tout simplement plus puissante que sa peur. Greyson était plus fort que son angoisse. Et quelque part, avoir conscience de cette certitude n’était pas forcément plus rassurante mais alors que Nas s’approchait de la soirée sur la plage, après être repassé par chez ses cousins et avoir pris une douche, il se sentait regonflé d’une audace nouvelle. Depuis quand se complaisait-il dans cette posture de mec effrayé ? Depuis quand était-il ce mec qui baissait les yeux devant des types plus grands et plus forts que lui ? Ce n’était pas lui. La plupart du temps, c’est vrai, il les évitait. Flash news : comme tout le monde, il aimait sa paix et sa tranquillité. Mais s’il y avait bien quelque chose qu’il n’était pas, c’était un lâche. Un nerd, sans doute possible, un susceptible, comme l’expérience l’avait prouvé et un rêveur, au grand dam de son père ; mais un lâche, certainement pas.
Le vent porta l’odeur du feu de bois jusqu’à lui et ébouriffa ses cheveux. Le soleil venait à peine de tomber, les paillettes de feu étincelaient dans le ciel rose et Nas sentit l’été commencer dans ses os, sur sa peau. La sensation le poussa à faire les derniers pas pour rejoindre l’attroupement, plus conséquent qu’il ne l’avait prévu. Mais il ne laissa pas démonter. Il avait un but et il ne laisserait pas l’imprévu en détourner, aussi tentant cela était-il de tourner les talons et de disparaître sans même avoir croisé le chemin de Grey. Il n’était à Port Haven que pour un été, le dernier avant de commencer cette vie qui serait alors réelle, tangible. Ici, entre l’océan immense et la forêt à perte de vue, rien n’avait de conséquence, pas vrai ?
Nas balaya la fête du regard et avisa la première venue, une fille qu’il reconnut pour faire partie de la bande qui avait accompagné Greyson à l’épicerie. C’était une fille aux proportions étonnamment réduites pour le rire qu’elle était capable d’émettre ; lorsqu’il lui tapa sur l’épaule pour signaler sa présence, elle lui adressa un sourire chaleureux, comme s’ils se connaissaient depuis des semaines. Le verre en plastique qu’elle tenait du bout des doigts et qui sentait la vodka y était sans doute pour quelque chose. « Hey. Je cherche Greyson. Grey ? Avec les cheveux longs ? » demanda-t-il avec un sourire embarrassé. La demoiselle le détailla d’un oeil modérément intéressé, regarda autour d’elle et finit par s’arrêter sur un point derrière l’épaule de Nas, qu’elle pointa du doigt. There! Par réflexe, Nas se retourna pour en effet apercevoir Grey, quelques mètres plus loin, occupé à discuter avec quelques autres amis. Sa silhouette se découpait distinctement contre le ciel désormais orangé et les vagues plus lointaines, scintillantes sous le coucher de soleil. Le coeur de Nas fit un étrange looping. Oh boy. Puis il se souvint : ici, pas de conséquences, right ? Right. Il se retourna pour remercier sa nouvelle connaissance et celle-ci leva son verre avant de repartir à sa conversation. Nas inspira un bon coup avant de se frayer un chemin parmi la troupe déjà éméchée. Personne ne lui prêtait vraiment attention et ce n’était pas plus mal. Il parvint au niveau de Grey, enfin, et lui donna la même petite tape sur l'épaule pour que le garçon se retourne vers lui. « Hey. » fit-il avec un sourire plus effronté qu’il ne l’aurait voulu, comme s’il défiait Greyson de croire à sa présence. Il ignorait d’où venait cette brusque poussée de confiance en lui mais Nas allait y puiser chaque goutte de courage dont il aurait besoin ce soir. « Alors… Je pose ça où ? » fit-il en désignant le sac qu’il avait apporté, rempli de cochonneries auxquelles il ne toucherait sans doute pas. Mais il n'aurait pas dit non à un verre. Ne serait-ce que pour se donner du courage face à l'épreuve de ces yeux clairs.
Greyson Woodley

Greyson Woodley


pseudo : Olivia
fc, credits : charlie gillespie (undercover)
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birthday : 03.10.2002
job : nope
love life : crushing over someone but sshh
hobbies : playing music, going camping alone

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A partir du moment où ils avaient quitté l'épicerie, Grey n'avait plus vraiment été là. Il était , bien sûr, en chair et en os, réagissant au moment nécessaire, assis au volant, chipotant les boutons de la radio jusqu'à ce que les autres poussent des exclamations agacées ou tapotant distraitement le cercle en cuir ou sa cuisse au rythme d'une mélodie imaginaire (et il récoltait à peu près le même type de cris et de protestations), mais son esprit, lui, était resté en arrière et il faisait les cent pas devant le comptoir, essayant d'imaginer le caissier (sans grand succès). Était-il retourné à ses occupations en se demandant d'où sortait cette invitation? Ou avait-il accepté par simple politesse, influencé par son rôle d'employé face à un client? Ou avait-il décelé l'intérêt qui se cachait derrière la suggestion? Peut-être était-il passé à autre chose dès qu'ils étaient partis et, dans ce cas, l'impatience de Grey serait la seule à étirer les heures jusqu'à la fameuse soirée sur la plage.
Grey n'en savait rien mais il ne préférait pas envisager le pire et choisissait plutôt d'attendre de voir comment se passerait les choses. Au pire, Nas se pointait, s'intégrait bien, rejoignait les rangs de la jeunesse de Port Haven, devenait un visage familier dans le paysage de Grey. Au mieux, ils apprenaient à se connaitre, le courant passait bien, la douce turbulence qui naissait sous les côtes du jeune homme trouvait un écho chez Nas. Plusieurs fois, cette idée lui étira les lèvres en un sourire rêveur et, presque autant de fois, Grey reçut un coup de coude ou une bourrade amicale pour le ramener sur terre. "Tu rêves, vieux? Qu'est-ce qu'il se passe dans ta petite tête? T'as aussi hâte d'être à ce soir, c'est ça?" Grey répondit vaguement par l'affirmative. Ils n'avaient jamais vraiment imaginé ce qu'il se tramait dans la tête de leur ami, en période faste comme lorsqu'il rejoignait l'ombre et la solitude de la forêt, et il ne tenait pas à ce qu'ils viennent tout piétiner ce soir.
Comme prévu, le temps qui séparait l'entrevue à l'épicerie et le rassemblement sur la plage parut s'étirer et quand, enfin, le moment arriva de guetter la silhouette de Nas dans la foule, l'attente sembla s'éterniser encore, si c'était seulement possible.
Grey n'avait pas la tête à écouter les récits rocambolesques des uns, les histoires banales des autres, ni à prendre des nouvelles de ceux qui venaient de débarquer pour l'été après avoir passé l'année scolaire dans une grande ville. Il lança son sourire habituel, chaleureux en apparence mais creux, parce qu'à nouveau, ses pensées ne suivaient pas et se trouvaient ailleurs, déconnectées de la plage, du feu de joie, du verre qu'il tenait à la main et qui ne semblait jamais se vider. Il donnait visiblement le change, acquiesçant, feignant d'absorber les informations alors que ses yeux clairs balayaient régulièrement les alentours, détaillant discrètement les personnes - qu'il connaissait toutes, de près ou de loin, parce qu'ils restaient rares, les nouveaux venus comme Nas, parce que quand on avait passé sa vie à Port Haven, le familier gagnait face à la nouveauté. Était-ce la raison de son intérêt pour l'inconnu qu'était Nas? Peut-être. Pourtant, Grey ne se souvenait pas avoir perçu avec une telle acuité le fourmillement qui lui courait le corps et qui éveillait chacun de ses sens. Après ce soir, il espérait savoir s'il y avait lieu d'entrevoir une chance de suivre ces sensations ou s'il valait mieux laisser directement tomber.
Il en était à cette considération distraite, les yeux posés sur une nana qui expliquait qu'il s'agissait de son dernier passage estival à Port Haven parce qu'elle intégrait une université européenne dès l'automne et qu'elle comptait bien profiter de son séjour là-bas, le verre à mi-chemin vers sa bouche pour noyer l'ennui d'une rasade de bière, lorsqu'un contact sur son épaule détourna son attention. Il s'attendait à une nouvelle demande d'attention de quelque pote ou à ce qu'Austin veuille lui montrer quelque chose "d'extra" (qui l'était rarement) et fut malgré lui surpris de se trouver nez-à-nez avec Nas. Non parce qu'il avait douté de sa venue mais parce qu'il était persuadé qu'il aurait été le premier à le repérer, qu'il aurait eu le temps de se conditionner à son approche. Au lieu de quoi, la rêverie qui ennuageait son regard mit quelques secondes à se dissiper avant qu'il réalise que ce qu'il attendait impatiemment depuis des heures se passait, là, maintenant.
—  Hey, t'es venu! Cool!
Le sourire qu'affichait Nas fit gronder sa turbulence interne, comme si le tonnerre illuminait, zébrait un nuage noir et menaçant, et Greyson ne put réprimer un sourire en coin que ceux qui le connaissaient bien n'auraient pas manqué de qualifier de conquis. Par chance, ils étaient occupé ailleurs et le groupe qu'il s'apprêtait à abandonner avait d'autres choses à faire que se soucier de la disparition soudaine de Greyson Wood — après tout, tout le monde y était habitué.
Par-là. Viens, je vais te montrer, dit-il en passant un bras autour des épaules de son invité, geste assez coutumier chez Grey, qui ne signifiait rien de précis en temps normal mais qui générait toutefois une étincelle à cet instant. A plus tard, ajouta-t-il à l'adresse des autres, sans attendre une réponse de leur part.
Il aurait sans doute pu faire les présentations mais il n'était pas sûr que ça intéresse Nas ou les autres de savoir qui était qui. Il y avait par ailleurs trop de monde pour se lancer dans cette danse que Grey préférait éviter.  
Grey embarqua Nas vers un coin où quelques tables avaient été rassemblées en guise de buffet improvisé. Il désigna l'endroit et laissa à Nas le soin de se délester de ses affaires tandis qu'il s'approchait de l'espace boisson.
Qu'est-ce que je te sers? Y en a pour tous les goûts: bière, vodka, whisky, vin. Y a même de quoi faire des cocktails.
La tendance générale allait plutôt à la simplicité, les fêtards n'ayant pas spécialement envie de se fatiguer en mélanges improbables, mais si Nas souhaitait que Grey joue les barmen d'un soir, le jeune homme s'y plierait volontiers.
Naseer Brahmani

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Voulait-il vraiment se débarrasser de son sac alors qu’à cet instant, Nas avait l’impression que c’était la seule chose qui l’empêchait de l’éviter au-dessus du sol ? Greyson le regardait et tout à coup, la gravité disparaissait autour d’eux. Son coeur flottait quelque part dans sa cage thoracique, en apesanteur. De quelle planète venait Grey ? Comment pouvait-il exercer ce pouvoir magnétique sur lui, alors qu’ils se connaissaient à peine ? Les autres y étaient-ils aussi sensibles qu’il ne l’était ? Étrangement, autour d’eux, personne ne semblait leur prêter attention, comme s’ils existaient soudain dans leur propre bulle et Nas ne sut pas si l’idée lui plaisait ou si, au contraire, la perspective de ne pas pouvoir s’échapper de l’orbite de Grey le terrifiait davantage. De toute façon, Greyson ne lui laissa pas le choix. Sans prévenir, Nas se retrouva soudain contre lui, non plus dans son orbite mais si proche qu’il en eut la tête qui tourna. « Oh wow. O-okay. » balbutia-t-il, trop bas pour que Grey l’entende, mais assez pour que le son de sa propre voix lui parvienne aussi distordu qu’il se sentait à l’intérieur, à cette seconde précise où une mèche de Grey effleurait sa joue. Par il ne savait quel miracle, Nas parvint à mettre un pied devant l’autre mais tout le reste de son corps ne répondait qu’au poids du bras de Grey autour de ses épaules, qu’à ces doigts qui serraient légèrement son bras et… juste… juste… ce parfum…
Quelque chose se noua au creux de son ventre et il put sentir le noeud se resserrer alors qu’il levait timidement les yeux pour capter ce profil anguleux, l’aperçu de cette mâchoire solide, la frontière nébuleuse entre le tee-shirt et la peau du cou. Pourquoi fallait-il que Grey sente si bon ?! Pourquoi fallait-il que sa peau ait la couleur du miel, et pourquoi le soleil couchant jouait-il avec les mèches brunes, les parsemant d’or insaisissable ? S’il avait pu, Nas se serait donné deux claques : la première pour cette réaction incontrôlable et l’autre pour la poésie de bas étage que lui inspirait cette proximité malvenue. Et pourtant, lorsque Grey ôta son bras une seconde après qu’il en ait formulé le voeu, Nas ne put ignorer le ‘!’ qui se répercuta dans tout son corps, comme si la déception de ne plus sentir ce poids étrange se réverbérait dans chacune de ses cellules. Slap. I need a slap.
Il se délesta de son sac et n’y pensa absolument plus. Toute son attention anxieuse se focalisait sur Greyson, qui semblait évoluer dans sa propre atmosphère sans se soucier du reste du monde, without a single care in the world. Mais alors qu’il l’observait, Nas se demanda si c’était vraiment le cas. Tout le monde avait un secret, certains plus à faciles à cacher que d’autres. Il pensa aux siens, soigneusement remisés au placard ce soir, invisibles derrière ce qu’il offrait au monde. Qui aurait soupçonné Nas et ses bonnes manières, son bulletin scolaire impeccable et ses grands plans pour l’avenir ? L’espace d’une seconde, Nas se demanda si Grey l’avait vu, vraiment, au-delà de cette protection si bien étudiée. Il se demanda aussi si derrière la carapace étincelante du garçon, il existait une fêlure insoupçonnable, indiscernable derrière ce sourire couleur océan.
Peut-être que oui.
Just a hutch, an intuition.
La voix tranquille de Grey le tira de sa rêverie et il sentit ses joues s’embraser. Si Greyson l’avait surpris en train de le fixer, il n’en laissait rien paraître en tout cas - mais sans doute devait-il être habitué - et Nas baissa les yeux vers les nombreuses bouteilles déjà ouvertes. « Je veux bien un cocktail. Merci. » bredouilla-t-il sans réfléchir. Il ne buvait jamais d’habitude mais ce soir, il lui fallait la protection de l’ivresse. Sinon, comment expliquer le moment inévitable où il laisserait échapper ce qui lui passait vraiment par la tête ? « De ça… » fit-il en attrapant une bouteille de rhum au hasard et agita les doigts à la recherche du liquide qui viendrait noyer la brûlure. « Et de ça. » ajouta-t-il en saisissant finalement une bouteille de Coca. Et il les posa devant Greyson.
Une minute passa, durant laquelle Nas eut tout le temps de réaliser qu’il venait plus ou moins de décider pour Greyson qu’il devait s’occuper de son verre. I want to die. « Euuuuh, je veux dire, j-je peux le faire moi-même. » ajouta-t-il, les joues en feu. Nas regarda partout sauf en face de lui. Autour d’eux, la fête battait son plein. Des garçons et des filles semblaient tous parfaitement à l’aise, leur verre à la main, profitant de l’été et de ses promesses. Pourquoi ne pouvait-il pas faire de même ? Pourquoi ne parvenait-il jamais à se détendre complètement ?
Par-dessus tout, Nas savait qu’il ne pouvait pas prendre le temps de se poser ces questions. Il revint à Grey et décida de jouer le tout pour le tout. Qu’avait-il à perdre ? Sa dignité ? Déjà envolée depuis un bon moment, et ce n’était pas comme s’il comptait beaucoup sur elle pour le mener quelque part. Non, ce soir, il tentait quelque chose de différent. De plus audacieux. N’était-ce pas la raison pour laquelle il était venu ce soir ? Pour… autre chose ? Whatever that is. « Mais comme tu as l’air plus doué que moi dans le domaine… » glissa-t-il en haussant les épaules. Good one. You got this. Play it cool. C’était son obsession, ne surtout pas laisser Grey entrevoir qui il était vraiment, c’est-à-dire un trouble anxieux généralisé à forme humaine qui n’avait aucune idée de comment fonctionner lorsque plus de trois personnes se trouvaient dans son périmètre. Alors, Nas savait ce qu’il lui restait à faire, ce qu’il avait toujours fait et ce qui avait toujours fonctionné : diversion. Ça, et aussi parce que s’il continuait de regarder Grey, il n’était pas tout à fait sûr de pouvoir aligner deux mots devant l’autre. « Très cool, cette plage. C’est un phare, là-bas ? » demanda-t-il en désignant une construction au loin. Et malgré lui, Nas se demanda s’il était possible de grimper jusqu’en haut, juste pour être un peu plus près des étoiles.
Greyson Woodley

Greyson Woodley


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Maintenant que Nas était là, Grey percevait encore plus vivement sa propre fébrilité. Tout à coup, c'était comme si la plage était trop peuplée, trop bruyante, comme s'il y avait trop d'activité mais n'était-ce pas avec ces promesses-là qu'il avait appâté Nas? A coup sûr, une proposition de tête-à-tête n'aurait pas eu le même résultat et le garçon n'aurait pas manqué de se méfier — ou de lui signifier directement qu'il n'était pas intéressé. La fête était donc l'excuse pour créer le lien, lancer la conversation et, à présent, Grey devait faire en sorte que le courant passe, que l'interaction perdure, afin de pouvoir en découvrir plus sur le mystérieux jeune caissier.
Et pour commencer, il devait le mettre à l'aise et cesser de le dévisager ou le pauvre garçon allait s'imaginer être la cible d'un psychopathe. Plus facile à dire qu'à faire, though, tant Grey n'aspirait qu'à s'imprégner de chacun des traits de Nas, d'enregistrer les expressions qui traversaient son visage, de déceler ce qui ce cachait sous la surface — même s'il n'avait aucunement la prétention de pouvoir lire en qui que ce soit. Alors peut-être qu'accrocher les épaules du jeune homme était une drôle de tactique mais Grey avait l'habitude de ces contacts physiques avec ses potes et plus personne à Port Haven ne s'étonnait de le voir agir ainsi. Accessoirement, cela lui permettait de tester si la proximité embarrassait Nas, auquel cas il trouverait sûrement un moyen de se soustraire à l'accolade et Grey n'aurait plus qu'à en tirer les conclusions adéquates. Il fut donc ravi/soulagé de constater que Nas ne s'écarta pas et la chaleur qui se diffusait à travers son t-shirt perça celui de Grey, provoquant un délicieux picotement, aussi bien à l'endroit où leurs corps se touchaient qu'au couvert invisible de ses entrailles. Ce simple contact était bien plus enivrant que n'importe quelle bière fraiche et, déjà, Grey regrettait de devoir le relâcher mais c'était une nécessité s'il ne voulait pas passer pour un creep.
Relax, Grey, détends-toi, t'es dans ton univers, t'es chez toi, joue-la cool. Il devait sans cesse se rappeler de ne pas en faire trop, de tenter d'installer une confiance, un sentiment de bienvenue à Nas, afin qu'il se joigne à eux cet été.
Cocktail, okay cool, je t'écoute, déclara Grey en faisant mine de s'étirer en vue d'une course contre la montre.
Le temps, après tout, lui était compté en un sens: il ignorait pour combien de temps Nas était à Port Haven et si le nouveau venu le trouvait ennuyeux après cette première soirée, il y avait peu de chance qu'il réitère l'expérience. La pression était donc bien là, même si le sourire assuré de Grey avait tendance à leurrer le monde — à commencer par son propre entourage, alors quels étaient les risques qu'un parfait inconnu entrevoie les nervures, les silences, les ombres, les disparitions? Grey était de toute manière habitué à ce qu'on le laisse agir à sa guise et il lui apparaissait donc normal d'arborer ce manteau qui lui seyait à merveilles: celui du gars populaire, fêtard, sociable, qu'aucune faiblesse n'aurait dû ralentir (et peut-être était-ce ce masque perfectionné qui amortissait à chaque fois sa chute).
Mais à cet instant précis, Grey ne pensait pas à cela. Il inventoriait les bouteilles et releva les yeux lorsque Nas porta son choix sur deux bouteilles.
Rhum-Coca. Un indétrônable, approuva Grey en posant son gobelet pour en attraper un pour Nas, qu'il remplit généreusement. Hé, t'es mon invité, ajouta-t-il pour chasser la gêne évidente du garçon. Tiens.
Grey tendit le gobelet (rouge, évidemment) et récupéra le sien.
Bienvenue à Port Haven, Nas.
Le jeune homme leva son verre en guise de toast et avala une rasade.
Nas désigna le phare, au loin, gardien immobile et immuable de Port Haven. Grey ignorait si c'était une perche inconsciente ou juste un coup de pouce du destin mais il choisit de ne pas réfléchir — il avait le sang déjà un peu trop alcoolisé, sans doute, mais, surtout, la perspective de s'éloigner de la plage, de s'isoler avec son nouveau compagnon lui semblait la meilleure perspective qui soit ce soir.
Ouais. Tu veux y aller?
Pourquoi s'embarrasser de fioritures? Pourquoi ne pas sauter sur l'occasion qui lui était donnée? Ce serait également encore un moyen de tester Nas: il ne s'était pas dérobé à son accolade, serait-il réticent à l'idée de déjà quitter la fête pour se retrouver seul avec Grey?
Un sourire canaille étira les lèvres de Grey, laissant deviner que ce pouvait être une aventure aussi valable que cette soirée sur la plage. Tout à coup, l'envie de déguerpir se fit plus intense et il vida le fond de son gobelet avant de le jeter dans la poubelle la plus proche. Il se tourna ensuite vers la table et s'empara des deux bouteilles que Nas avait choisies et, une dans chaque main, il adressa un coup de menton à son invité pour l'inciter à le suivre.
Viens, je vais te montrer un passage que presque personne ne connait.
A force de déambuler en solitaire depuis l'enfance, Grey avait découvert des endroits que personne ne visitait jamais et qu'il se gardait bien de révéler, de peur que d'autres visiteurs ne viennent gâcher ces sanctuaires de paix. Alors pourquoi semblait-il si empressé de déroger à sa règle avec Nas, qu'il ne connaissait pas du tout? Il n'en avait aucune idée. Il se laissait porter par l'instinct et bercer par cette flamme qui lui réchauffait le ventre et le coeur et, tout à coup, tout ce qu'il désirait, c'était partager son univers avec Nas.
Grey fendit la foule, saluant distraitement certaines personnes, se souciant comme d'une guigne qu'on puisse s'interroger sur sa destination et qu'on puisse remarquer qu'il embarquait Nas dans son sillage. A tort, peut-être, mais quand Greyson Woodley avait quelque chose en tête, le reste du monde s'effritait, partait en poussière. Ce soir, il ne voulait que Nas et le ciel étoilé.
Plus ils s'éloignaient, plus la musique s'assourdissait et plus la nuit les enveloppait, si bien qu'à un moment, alors qu'ils entamaient l'ascension d'une pente, Grey dut fourrer une bouteille sous son bras pour sortir son téléphone et allumer la lampe de poche.
Ce sera un peu escarpé par endroits, fais attention, mais tu verras, la vue en vaut la chandelle, lui assura Grey en menant toujours la marche, non sans jeter régulièrement des regards par-dessus son épaule avant de s'arrêter en haut de la pente et d'attendre que Nas puisse le rejoindre.
Un tintement annonça l'arrivée d'un message que Grey put lire mais qu'il n'ouvrit pas. Il changea le mode sur vibreur, bien décidé à ne pas être importuné par les "???" de ses amis.
Naseer Brahmani

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Bienvenue à Port Haven, Nas.
Les joues de Nas s’empourprèrent et il plongea dans son verre dans l’espoir que Grey ne remarque ni la trahison rougeoyante de son épiderme, ni le sourire timide qu’il n’avait pas pu réprimer. Bienvenue. Pour la première fois depuis son arrivée à Port Haven, il se le sentait, bienvenu, sans doute parce qu’il accordait beaucoup plus d’importance aux mots de Grey qu’à ceux de cette famille éloignée qu’il connaissait à peine et qui semblait vouloir oublier sa présence le plus possible. Il avala une gorgée de son cocktail pour se donner une contenance mais la proposition de Grey le fit avaler de travers et il toussa - pitoyablement - avant de relever les yeux vers le garçon, qui avait déjà une bouteille dans chaque main et les yeux brillants de celui qui n’accepterait pas non pour réponse (et un sourire espiègle qui auraient fait s’activer les jambes de Nas toutes seules si elles n’avaient pas été momentanément paralysées).
Nas le fixa un instant, incrédule, et jeta un coup d’oeil inquiet autour de lui. Pourquoi aurait-il voulu s’éloigner alors que tous ses amis étaient là ? Oh shit. Grey avait-il pitié de lui ? Avait-il senti qu’il était du genre irrécupérable, incapable d’aligner plus de trois mots face à des inconnus ? Une certitude glacée coula au fond de son estomac. « T-t’es sûr ? Mais tes potes— » Grey le coupa dans son élan d’un coup, non par les mots mais par le geste, alors qu’il s’éloignait déjà à grands pas. « Euh, ok. » balbutia-t-il. Eberlué, Nas resta planté près de la table et regarda à nouveau autour de lui. Mais personne ne semblait avoir remarqué le départ du meneur de la bande. Un départ qui ressemblait à une fuite, songea-t-il une seconde, avant de s’élancer à la suite du garçon.
Après tout, il était venu pour lui.
Ils dépassèrent la foule en quelques minutes, mais Nas ne regardait que Grey. Il avait l’impression de l’observer à la dérobée, de voler ce qui était pourtant offert à la vue de tous : les longs cheveux qui balayaient les épaules, le t-shirt qui dévoilait ses bras hâlés, la haute taille. Et même si la silhouette de Grey fut avalée par la nuit au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient de la fête, Nas ne pouvait s’empêcher de le fixer, le coeur battant, la bouche sèche. Il avait vidé son verre depuis longtemps mais continuait de s’y accrocher, comme si c’était la seule chose qui l’empêchait de s’enfoncer dans le sable qui alourdissaient chacun de leurs pas. Le goût du rhum languissait sur ses lèvres, et le vent lui portait le goût du sel et des embruns, et quelque part, léger, presque indiscernable, en vagues, lui parvenait le parfum de Grey. He smells of summer. Who knew it smelled so good?
L’esprit ailleurs, les yeux résolument perdus dans le carré centimètre de nuque révélés par les cheveux de Grey, Nas faillit buter contre la pente qui s’élevait devant eux. Grey se retourna vers lui et Nas se redressa un peu trop vite, espérant ne rien révéler de son rythme cardiaque complètement désordonné et de son souffle court. « Définis un peu escarpé, pour voir ? » répliqua-t-il en tâtonnant devant lui, alors qu’il constatait par lui-même que sa soirée s’était visiblement transformée en séance d’escalade. L’ascension lui prit un temps qui parut infiniment long et lorsqu’il parvint enfin à se hisser au sommet de la pente, il trébucha en avant. Seule l’épaule de Grey le sauva de la chute. G-r-e-a-t. Nas bondit sur le côté et retira sa main de l’épaule du garçon aussi vite qu’elle s’y était accrochée, comme s’il s’était brûlé. « Désolé, je… J’ai perdu l’équilibre. » murmura-t-il en s’écartant encore d’un pas. Gêné, il reporta son regard vers la vue qui s’étendait devant lui, la mer scintillant sous la lune, la silhouette noire du phare se découpant dans l’obscurité. Saisi, Nas écarquilla les yeux. « Wow. » souffla-t-il. Sans qu’il ne s’en rende compte, le masque qu’il portait à grand-peine depuis le début de la soirée tomba et il se révéla alors qu’il levait les yeux vers le ciel, un geste si naturel qu’il n’y pensa même pas. Au-dessus d’eux, la toile noire du ciel brillait comme si elle avait été piquée de minuscules diamants et Nas aurait voulu pouvoir aller détacher chacun d’entre eux. Fasciné, il fit un pas en avant, comme si cela pouvait le rapprocher du ciel. « Hey, regarde ça. On voit super bien Ursa Minor. Wow, et Polaris ! C’est fou, le ciel est tellement clair ici… » s’exclama-t-il. Depuis son arrivée à Port Haven, c’était peut-être le seul réconfort qu’il avait trouvé à s’être vu déraciné de Jersey City, qui avait ses qualités, certes, mais pas le ciel pur de cette bourgade perdue. Et cet endroit secret lui offrait la plus belle vue depuis son arrivée - ça, et peut-être parce qu’il le partageait avec un garçon aussi fascinant que l’espace lui-même… À cette pensée, Nas sentit ses joues chauffer de nouveau et il se tourna vers Grey. « Je t’avais prévenu. Deux sujets de conversation. Un et demi à tout casser, en vrai. » fit-il en haussant les épaules. Il y eut un moment de silence, durant lequel il se permit enfin de regarder Grey dans les yeux sans avoir l’impression de s’enfoncer dans le sol. « Tu es du coin, alors. D’autres passages secrets que je devrais connaître ? » demanda-t-il avec le même sourire effronté qu’en début de soirée. Soudain, il se sentait plus confiant - un alignement parfait d’étoiles, de rhum et d’embruns qui lui donnait - enfin - des ailes. Take me anywhere you want to, voilà ce qu’il avait envie de dire - mais pour ça, il lui faudra un second verre.
Greyson Woodley

Greyson Woodley


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Il se doutait bien qu’il n’échapperait pas à un interrogatoire en règle dans les prochains jours mais cela n’avait pas d’importance. Tout ce qui en avait, c’était le moment présent, Grey avait depuis longtemps compris que c’était en se calant dans celui-ci qu’il se préservait de dérives qui menaient soit à l’euphorie, soit à la descente en vrille. Il ne préférait pas y songer. Il préférait se dire qu’à cet instant précis, il se sentait bien, légèrement enivré par l’alcool (et la présence de Nas) mais assez terre-à-terre pour s’ancrer dans l’immédiat et ne pas perdre une miette de ce qu’il se passait. Et ses potes? comme l’avait demandé Nas, pris de court par la tournure de la discussion, ils seraient encore là demain, et après-demain et pour un bon moment et puis ils ne s’en formaliseraient pas, Grey aurait pu l’assurer à Nas, mais il se borna à un haussement d’épaules qui voulait tout (et rien) dire. Ses potes seraient surpris, une poignée de minutes, ensuite ils reviendraient à leur discussion, à leur boisson et ils oublieraient temporairement la bizarrerie dont était fait leur ami.
Car il en avait toujours été ainsi.
L’idée que Nas ait pu le suivre parce qu’il s’y sentait quelque peu contraint et forcé effleura-t-elle Greyson? Bien sûr. Mais il était du genre impulsif, il n’avisait qu’à la dernière minute et se disait que s’il sentait que Nas s’ennuyait en sa compagnie, ou qu’il laissait deviner qu’il préférait retourner auprès des autres sur la plage, rien ne les empêcherait de revenir plus tard - après tout, la fête était destinée à durer une bonne partie de la nuit.
- Du genre qui peut filer le vertige si on aime pas trop le vide..., précisa Grey avec un sourire entendu. Mais c’est moins impressionnant la nuit puisqu’on y voit moins bien.
C’était sans doute un peu contradictoire et laissait présager plus de danger qu’il n’y en avait réellement. La corniche qu’ils allaient emprunter était assez large pour ne pas nécessiter de s’approcher du bord mais l’absence de point de repères pouvait rendre l’expérience inquiétante. Il suffisait d’y aller à son aise, décidait le côté irresponsable de Grey. Il n’y avait après tout jamais eu mort d’homme dans le coin - du moins pas à sa connaissance. Quant à lui, il l’avait si souvent parcourue, cette piste secrète, qu’il avait parfois le sentiment de la connaître par cœur, au point de pouvoir la suivre les yeux fermés (mais il ne s’y était jamais essayé... quoique...), raison pour laquelle il semblait dans son élément, les bouteilles dans les mains, en équilibre sur son promontoire, aussi stable qu’une chèvre des montagnes, tandis que Nas grimpait à sa suite.
Parvenu à sa hauteur, celui-ci trébucha et se rattrapa instinctivement à Grey, ce qui ne manqua pas de faire sourire ce dernier. Il retira bien trop promptement sa main mais y laissa une marque de chaleur qui provoqua une nouvelle douce ébullition dans la caverne qu’était le corps de Greyson Woodley à cet instant précis.
- Y a pas de mal, lui assura le jeune homme avant de se mordre discrètement la lèvre, comme pour empêcher des bêtises de s’échapper.
Cool, Grey. Be cool.
Mais comment était-il censé rester cool lorsqu’il observait l’ébahissement sincère de Nas, lorsqu’il découvrait la magie de son regard absorbé par la toile nocturne qui les surplombait, piquetée d’étoiles? Grey porta les yeux vers le haut à son tour, comme s’il découvrait le ciel sous une autre lumière, mais il reporta rapidement son attention sur Nas, bien plus intéressant aux yeux de Grey que toute la beauté astrale qui les cernait.
Par réflexe, le jeune homme se raidit en voyant Nas avancer le nez en l’air, oublieux du vide qui les menaçait toujours d’une chute plus ou moins grave s’ils n’y prêtaient pas attention, et Grey se demanda s’il n’avait pas un peu trop corsé le cocktail de Nas. Mais celui-ci semblait surtout fasciné par les cieux, et non victime d’une ivresse prononcée. Cela n’empêcha pas Grey de réduire la distance entre eux, par précaution; et il aurait sans doute attrapé Nas par un pan de son t-shirt si celui-ci ne s’était pas si vivement écarté quelques secondes plus tôt.
- Ursa Minor? Polaris? répéta Grey en jetant un coup d’oeil vers l’espace gigantesque qui les surplombait - là où Nas voyait des constellations, Grey ne discernait malheureusement pas grand-chose.
Il baissa à nouveau les yeux vers Nas quand il sentit que celui-ci avait reporté son attention sur lui.
- Ça fait déjà au moins un de plus que mon pote Austin. Lui, il n’a qu’un sujet à la bouche: les nanas, plaisanta Grey, sans se soucier de l’interprétation que son compagnon pouvait en faire.
Il dévissa le bouchon de la bouteille de coca et but au goulot avant de se frotter la bouche avec le poignet et proposer la boisson à Nas, alors que celui-ci l’interrogeait:
- Born and raised, confirma-t-il avec un demi-sourire. Il y a des tas de coins secrets mais, par définition, il faudrait que je te les révèle. Tu ne les trouverais pas tout seul.
Une onde délicieuse lui réchauffa l’abdomen et il fixa Nas, une lueur presque défiante dans les yeux, comme s’il décelait les changements délicats qui s’étaient opérés chez le nouveau venu.
- Et il faudrait que tu promettes de n’en parler à personne, évidemment.
Traduction: ce serait notre secret; nos coins secrets.
Encore une fois, l’absurdité de cette volonté de tout révéler, de tout confier à Nas lui sembla évidente et Grey fut incapable de dire pourquoi il éprouvait ce besoin. Il était juste là, un point c’est tout, et il n’avait aucune envie d’y résister.
- On continue jusqu’au phare ou tu veux retourner auprès des autres?
Grey testait-il Nas? Sans doute. Ou il voulait simplement s’assurer que Nas avait le choix: le suivre dans l’obscurité ou rejoindre la sécurité des flammes. Une métaphore plus parlante qu’il ne voulait l’admettre, mais ça, Nas ne pouvait pas le savoir.
Naseer Brahmani

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Oui, sans doute était-il un peu ivre de son verre de rhum qu’il avait vidé trop rapidement, mais Nas savait que la douce excitation qui faisait vibrer son corps naissait ailleurs : dans la brise légère qui le poussait imperceptiblement vers Grey, dans l’odeur de la mer dont la mélodie des vagues le berçait doucement, dans cette espèce de drôle d’euphorie qui lui donnait l’impression d’être léger, léger, léger, si léger qu’il aurait pu s’envoler si la gravité ne s’en était pas mêlée - la gravité, et puis cette phrase, lourde de sous-entendus et que Nas se prit comme un enclume sur le pied. Lui, il n’a qu’un sujet à la bouche : les nanas.
Le retour sur terre fut rude et Nas ne put empêcher son visage de se fermer brièvement. Les nanas. Bien sûr, il fallait que le sujet s’amène sur le tapis. Grey passait déjà à autre chose mais Nas, lui, resta bloqué sur le sourire désinvolte de son compagnon, la facilité, l’évidence avec laquelle il avait abordé le sujet pour ensuite s’en désintéresser complètement. « Je vois. » répliqua-t-il alors qu’il ne voyait pas du tout. Il mordit sa jalousie sur le bout de sa langue, s’empêchant de demander si Greyson participait lui aussi à la discussion. Ça ne l’aurait pas étonné. Greyson était le genre de mec qui résidait au coeur de toutes les conversations. Who is he going to go with at prom? Who’s his girlfriend? You think he likes me? Omg, he liked my picture on Insta. Et même s’il détestait se l’avouer, Nas savait qu’il n’aurait pas été si différent des autres si Grey avait existé dans le même périmètre que lui au lycée. Mais il n’était pas une fille. Il n’aurait jamais pu se poser ces questions, les partager à qui que ce soit. Il l’aurait regardé - et souffert - en silence.
Il serra légèrement les poings et saisit la bouteille de coca que Grey lui tendait ; il aurait préféré que ce soit du rhum, pour faire passer le goût amer de sa jalousie. Ils n’étaient pas au lycée. Ils étaient ici. Entre ciel et mer, loin du reste du monde, loin des yeux curieux comme des murmures taquins. Seuls et ensemble.
Juste eux.
Nas fixa Grey lui sourire en coin, ses mèches brunes caressant le creux de son cou, ses yeux clairs brillant par intermittence à la lueur de la lune. Tu ne les trouverais pas tout seul. Son coeur chavira et l’enclume qui oppressait sa poitrine disparut. Et il faudrait que tu promettes de n’en parler à personne, évidemment. Quelque chose dans le regard de Grey - la lueur espiègle, l’intensité de ce bleu de glace - cloua Nas sur place, alluma quelque chose en lui, un feu tendre qui ne demandait qu’à grandir. Il haussa un sourcil pour se donner une contenance et croisa les bras, même il s’agissait surtout d’une défense pour empêcher son coeur en déroute de sauter hors de sa poitrine. Oh boy. Lisait-il trop entre les lignes à cet instant précis ? Voyait-il ce qu’il avait envie de voir dans cette conversation ou l’atmosphère venait-elle de changer, aussi subtilement que le jour passe à la nuit ? « Right. Ça peut se négocier, si ça en vaut la peine. » répondit-il en penchant légèrement la tête, répondant sur le même ton.
Qu’était-il en train de se passer ? Nas avait la sensation d’être sur le point de réaliser quelque chose de crucial. Il ne cherchait pas à se faire un ami, ni à passer le temps jusqu’à son départ pour Stanford. Il s’était donné toutes les excuses du monde pour expliquer son envie d’être en compagnie du garçon, il avait rationalisé chaque battement de coeur trop rapide, il avait tenté de se justifier à lui-même les soubresauts de son corps, mais Nas ne pouvait pas le nier : il voulait plus que ça. Était-ce la remarque sur Austin qui avait déclenché cette réalisation ? Ou bien le regard de Grey qui semblait capable de déverrouiller des choses inconnues, dont il ignorait même être capable de ressentir jusqu’à présent ? Le rhum, peut-être. Et l’envie, latente, non-dite, d’aller le goûter sur les lèvres de Grey plutôt qu’au goulot de la bouteille.
Mais ça, Nas ne pouvait pas le dire. Il ne pouvait rien avouer de tout ça à Grey : dans le meilleur des cas, il le repousserait ; dans le pire… Eh bien, Nas ne voulait même pas y penser. Vouloir plus ne signifiait pas qu’il obtiendrait plus. Il ne pouvait pas prendre ce risque, pas aussi franchement. Il se contenterait de ce que Grey lui donnerait, rêverait tout l’été et… On continue jusqu’au phare ou tu veux retourner auprès des autres ?
Le feu au creux de son ventre reprit de plus belle et son coeur chamboulé s’agita dans sa poitrine, tel un animal en cage qui cherchait désespérément à s’échapper. « Rester avec toi, ça me va. » répondit-il sans réfléchir. Les mots s’attardèrent entre eux, chacun remplissant l’espace qui existait entre lui et le garçon aux cheveux longs, comme un pont flottant. Nas resta silencieux ; il savoura presque l’écho de ces mots aux sens multiples dont les significations se multipliaient au fur et à mesure que le silence s’étirait entre eux, avant de céder de nouveau à la bonne vieille panique, familière et confortable. Oh boy, what have I done?!
Les joues en feu, il se racla la gorge discrètement, regarda autour de lui et planta ses poings sur ses hanches, avant de désigner la silhouette du phare d’un coup de menton décidé. « On y va, du coup ? » demanda-t-il d’une voix dégagée. Voilà, parfait, tout était sous contrôle. Il suffisait qu’il range son crush impossible au tiroir et tout se passerait bien. Simple comme bonjour ! Il n’était pas le premier et ne serait certainement pas le dernier. « Ou tu exiges un pacte de sang avant de me montrer tes coins top secrets ? » s’enquit-il avec un sourire canaille, levant une main devant lui, paume tournée vers Grey, tant pour pour signifier qu’il respecterait leur accord que pour effacer le moment précédent, comme s’il n’avait jamais existé.
Greyson Woodley

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Grey aurait pu se demander s'il était l'archétype du mec qui n'a jamais vraiment quitté son coin et qui n'imagine pas qu'il puisse y avoir mieux autre part. Mais n'y avait-il pas une pointe de vérité là derrière? Quand il levait le nez et observait les ombres des arbres qui se tenaient comme des sentinelles silencieuses, il savait qu'il était chez lui, qu'il ne trouverait jamais ailleurs la paix qu'il ressentait à parcourir les sentiers qui sinuaient dans la forêt, joyau naturel de Port Haven. Il avait grandi parmi ceux-ci, il avait grimpé aux branches, s'était écorché les genoux aux rochers qui bordaient la falaise, avait plus d'une fois bu la tasse sous une vague impérieuse et s'était cassé le bras en deux endroits et une jambe lors d'une escapade improvisée. Il connaissait les rues par coeur, les habitants lui donnaient souvent l'impression d'être tous des membres plus ou moins éloignés de sa famille (même si, paradoxalement, il ne se sentait proche que d'une poignée de personnes, et encore). Partir lui faisait-il peur? Greyson ne s'était jamais posé la question comme ça mais une analyse approfondie aurait sans doute révélé bien des failles qu'il cachait à tous (et à lui-même en premier). Il avait tout ce dont il avait besoin ici et maintenant, pourquoi aurait-il regardé si l'herbe était plus verte dans le pré voisin?
Alors pourquoi éprouvait-il cette sensation ce soir? Cette étrange fascination, ce désir d'ouvrir un monde fermé à double tour à un parfait inconnu qui n'en avait sans doute rien à faire et qui préférait sûrement s'enfiler des verres et rencontrer une jolie fille avec qui terminer la soirée?
Tout à sa contemplation, Grey décela le changement de ton mais fut bien incapable de l'interpréter. Avait-il vexé Nas d'une quelconque façon? Cela n'avait bien sûr pas été son intention et il se mordit l'intérieur de la joue en se demandant s'il devait essayer de rectifier le tir ou laisser l'instant couler dans les ténèbres. Finalement, il opta pour la seconde, parce que le sujet ne l'intéressait pas, déjà, et parce qu'il ne voulait pas enfoncer le clou. Après tout, il ne connaissait pas Nas, il ne savait rien de son tempérament, de sa vie, de son passé, de ce qui le faisait vibrer (en dehors des noms étranges des constellations) ou de ce qui l'irritait mais il entendait bien le découvrir, si Nas ne se formalisait pas des conneries qu'il lâchait trop souvent (Nas s'en rendrait vite compte s'il trainait un peu ensemble). Il fit donc abstraction de l'atmosphère froissée et préféra l'allusion aux coins qu'il était pratiquement sûr d'être le seul à connaitre – à moins qu'il s'agisse d'un moyen d'acheter l'intérêt du nouveau venu?
— Right. Ça peut se négocier, si ça en vaut la peine.
Grey fut incapable de retenir l'éclat de rire que cette réplique lui inspira. Il n'y avait nulle moquerie dans cette réaction, juste la surprise et la réalisation qu'il ne s'était pas trompé: il allait adorer ce gars.
— T'es marrant, mec. Je sens qu'on va bien s'entendre.
Il hocha la tête d'un air approbateur, un sourire calé sur les lèvres. Un sourire qui ne signifiait pas seulement qu'il s'amusait bien en compagnie de ce garçon qui avait débarqué de nulle part, un sourire semblable à celui qui avait écorné sa bouche la première fois qu'ils s'étaient parlé, un sourire que ses amis auraient raillé, à coup sûr, s'ils avaient assisté à la scène (pas parce qu'il l'adressait à un garçon mais parce qu'ils connaissaient Grey: c'était le sourire de celui qui commence déjà à fondre sous les rayons d'un soleil ardent). Mais ses amis étaient là-bas, parmi toutes les silhouettes bordées d'ombre qui évoluaient autour du feu de camp et dont les voix n'étaient plus qu'un vague brouhaha qui se répercutait sur la falaise et ricochait sur la mer calme.
Et Grey ne regrettait pas une seule seconde d'être ici. Il n'aurait pu rêver un meilleur retournement de situation et la réponse de Nas fit bouillir son ventre et rosir ses joues (heureusement invisibles dans la nuit).
— Cool, souffla Grey sans quitter Nas des yeux, une fois de plus absorbé par sa  contemplation, à croire qu'il ne pouvait s'empêcher de dévisager le jeune homme.
Ce fut le léger raclement de gorge de Nas qui ramena Grey sur terre et il cligna des paupières et secoua la tête, comme pour sortir de sa torpeur.
— On y va, confirma-t-il. Le premier, c'est cadeau, en guise de bienvenue. Pour les autres, faut que je réfléchisse.
Plaisanterie, encore une fois, mais Greyson avait toujours été ainsi, à rire de tout et de rien, parce que le rire désamorçait, parce que les gens s'inquiétaient moins face à un sourire, parce qu'il faisait fuir l'obscurité ou, au moins, en donnait l'impression. Un paravent, une vitre sans tain.
Grey baissa les yeux sur la main tendue et la saisit avec une solennité comique, la serrant d'une poigne ferme, teintée d'une infime douceur lorsqu'il la maintint plus que nécessaire tandis qu'il reportait le regard sur le visage de son acolyte.
— Je te promets que tu ne vas pas le regretter. Et si jamais tu juges la pub mensongère, well, je trouverai un moyen de compenser la déception occasionnée, promis juré.
Pourtant, il ne pouvait imaginer que Nas puisse avoir déjà rencontré les trésors qu'il désirait lui faire découvrir. Lui-même, qui avait visité ces endroits reculés ou dissimulés, ne s'était jamais lassé de leur beauté et Dieu savait s'il y passait une quantité de temps importante.
Le jeune homme but une gorgée de rhum et referma la bouteille en adressant un sourire gredin à son comparse.
— Je te filerais bien la bouteille mais je préfère que tu aies toutes tes facultés pour la traversée. Je m'en voudrais qu'il t'arrive quelque chose dès la première sortie.
Grey laissa échapper un gloussement, fier de sa boutade, et entreprit d'ouvrir la voie, la bouteille de rhum dans une main, l'autre armée de son téléphone pour éclairer le passage escarpé. Il n'avait pas forcément les chaussures idéales pour la traversée mais il avait tellement l'habitude d'emprunter ce chemin qu'il parut toujours savoir où poser le pied, avançant avec une grâce qui dénotait son assurance. Régulièrement, il s'arrêta et jeta un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que Nas suivait, puis poursuivit son avancée. Il leur fallut moins de dix minutes pour atteindre l'accès au phare. De leur point de vue, les roches semblèrent former un escalier inégal mais praticable, détail invisible vu du haut et qui préservait le côté secret de ce couloir. Grey entama la dernière ascension et poussa un petit cri victorieux lorsqu'il arriva au pied de la tour de surveillance. L'écho lui répondit et il se tourna vers Nas, éclairant la percée et le visage du jeune homme.
— J'espère que tu n'es pas trop crevé parce qu'il y a encore les marches pour arriver au sommet, déclara-t-il en lui tendant la bouteille de rhum comme s'il s'agissait d'une gourde d'eau pour se désaltérer.
Lui-même légèrement essoufflé par son escalade, il laissa à Nas le temps de reprendre sa respiration et se dirigea vers la porte cadenassée. D'une main désinvolte, il fouilla ses poches et sortit un trousseau de clés et chercha le sésame.
— L'avantage d'avoir un pote dont le père entretient le phare, dit-il en faisant tinter le passe-partout.
Cela ôtait peut-être un côté interdit à l'incursion mais au moins celle-ci passerait-elle inaperçue et ils pourraient ainsi encore jouir de cette entrée pendant quelques temps.
— Après vous, cher invité, déclara-t-il en ébauchant une révérence exagérée tout en tenant la porte.
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